Le Parlement suisse a levé l'immunité du procureur général sortant, mis en cause pour sa gestion du retentissant scandale de corruption du "Fifagate", une décision qui ouvre la voie à une procédure pénale.
Michael Lauber, qui supervisait les procédures relatives aux scandales de corruption qui secouent la Fédération internationale de football (Fifa) depuis plusieurs années, est soupçonné de collusion avec le président de la Fifa, Gianni Infantino, suite à une série de rencontres informelles en 2016 et 2017 avec ce dernier.
Acculé par les critiques, le chef du parquet suisse a présenté sa démission fin juillet tout en continuant de rejeter les accusations de mensonge.
Il quittera officiellement son poste le 31 août.
Lundi, les commissions compétentes des Chambres fédérales ont levé l'immunité du haut magistrat, en soulignant dans un communiqué que les faits qui lui sont reprochés ont "un rapport direct avec ses fonctions et activités officielles".
La levée de l'immunité, condition requise pour l'ouverture d'une procédure pénale à l'encontre du procureur général, avait été demandée le 30 juillet par le procureur fédéral extraordinaire de la Confédération, Stefan Keller, nommé le 3 juillet par le gouvernement pour examiner les plaintes pénales à l'encontre de M. Lauber et de M. Infantino.
Selon les premières conclusions du procureur extraordinaire, il existe "des éléments constitutifs d'un comportement répréhensible en rapport" avec les rencontres entre MM. Infantino et Lauber. Les infractions concernées sont "l'abus d'autorité, la violation du secret de fonction, l'entrave à l'action pénale et l'instigation à ces infractions".
Le président de la Fifa est lui depuis le 30 juillet sous le coup d'une procédure pénale, ne jouissant d'aucune immunité.
L'Autorité de surveillance du parquet suisse avait décidé en 2019 d'ouvrir une enquête après des révélations par des médias suisses sur une rencontre non déclarée en 2017 entre MM. Infantino et Lauber. Ce dernier avait affirmé ne pas s'en souvenir. Deux premières rencontres en 2016 entre les deux hommes avaient été révélées par les Football Leaks en 2018.
La Fifa n'a jamais démenti ces rencontres, expliquant qu'elles étaient destinées à montrer que l'instance internationale, qui a le statut de plaignante dans certaines procédures, était "prête à collaborer avec la justice suisse". Mais le flou juridique dans lequel ces rendez-vous se sont déroulés soulève la question d'une potentielle collusion entre la Fifa et la justice.