Les routes n’aiment pas les fortes chaleurs. Quand la température grimpe, que le fond de l’air stagne à 30 °C, que la chaussée « brûle » à 40 °C, le liant remonte à la surface en recouvrant tout ou partie des granulats. Et avec le passage répété des véhicules, « tout se décolle », explique un agent du Conseil départemental de Haute-Loire.Le ressuage - le nom de ce phénomène - amène une détérioration de la couche de roulement et un vieillissement prématuré. Quant aux conditions de circulation, elles se traduisent par une baisse de l’adhérence. Les deux roues, et particulièrement les motos, redoutent ces passages où le bitume fond comme neige au soleil.Expérimentation traitement au lait de chaux des routes départementales Haute-Loire
Traiter les ressuagesJusque-là, en fonction de l’importance du ressuage, le Département optait pour un épandage de gravillons sur les portions de routes endommagées ou, quand la plaie s’avérait trop profonde, en une reprise complète de la chausséeTraites.Cette année, la collectivité a décidé de réaliser « une expérimentation de traitement des ressuages via une nouvelle technique, le lait de chaux », tout simplement un mélange de chaux et d’eau selon un dosage bien précis.Cette composition lactescente, qui n’a pas échappé au regard des usagers de la route dans le Brivadois et le Langeadois, a deux effets, selon la note technique du Département : « une réaction chimique avec le bitume fondu ce qui l’empêche de coller aux roues des véhicules et un changement de la couleur de la chaussée (le basalte est noir alors que la chaux est blanche) ce qui implique une baisse significative de la température de chaussée ».
Expérimentation traitement au lait de chaux des routes départementales Haute-Loire
Une réponse immédiateBien que « sa durée d’efficacité peut diminuer selon l’importance du trafic et la météo (orage) », cette technique « permet l’anticipation ». Elle peut être réalisé « n’importe quand dans la journée et ne demande pas de signalisation particulière puisque l’adhérence reste la même avant et après le traitement apportant ainsi une réponse immédiate aux usagers ».Encadré par deux véhicules du service travaux routiers du Département qui assurent la signalisation, le camion transportant le lait de chaux intervient sur des secteurs sensibles à la chaleur et connus des agents. La cuve d’une contenance de 1.000 litres permet de couvrir 3,5 km de chaussée en pleine largeur.Réalisée actuellement sur les secteurs de Brioude et Langeac, cette expérimentation pourrait s’étendre à l’ensemble de la Haute-Loire, qui possède un réseau routier départemental de plus de 3.300 km.
Expérimentation traitement au lait de chaux des routes départementales Haute-Loire
Et aussiEnvironnement. Cette technique, expérimentée dans le Puy-de-Dôme, fait l’objet, depuis 2019, d’un suivi de l’impact du lait de chaux sur le milieu naturel. Ce suivi est conduit par le Cerema, établissement public d’études et d’expertise situé à Clermont-Fd.Épandage. Lors du traitement de la chaussée, aucune signalisation spécifique n’est mise en place sur les sections de route traitées. Toutefois, les usagers sont invités à « rester prudents en suivant ou en croisant le camion qui roule à faible vitesse lors de l’épandage ».Matériel. Cet essai est réalisé avec plusieurs types de matérielsd’épandage : Lhoist (petite capacité, à l’avant d’un camion) ; Europservice (capacité plus importante, dans la benne d’un camion) et remorques de petite capacité (matériel du Département).
Jean-Luc Chabaud
Expérimentation traitement au lait de chaux des routes départementales Haute-Loire