Habiter sur un bateau ? Beaucoup en rêvent mais peu ont franchi la passerelle ! Depuis un an, Sandrine, son mari et leur ado de 15 ans vivent à bord d’un Bénéteau ST 34 dans une marina de la Côte d’Azur. Elle nous fait partager leur expérience. (Archives Neptune Yachting Moteur 2018)
Tout commence par ce dialogue impromptu au début de l’automne 2016. Dans la foulée, on consulte les petites annonces du Bon Coin. Plusieurs veillées passées les yeux rivés devant l’écran d’ordinateur permettent de lever les doutes concernant le coût annuel de la place de port et de l’entretien. On découvre avec excitation que notre budget est suffisant pour acquérir un bateau à moteur habitable ou un beau voilier de 12 mètres. En outre, il y a des anneaux disponibles pour ce type d’embarcation non loin de nos lieux de travail respectifs. [caption id="attachment_193198" align="aligncenter" width="500"] Le chien Hadès s’est adapté à sa nouvelle vie d’équipier. Un filet tendu autour du balcon permet de sécuriser ses déplacements sur la plage avant et ceux de ses maîtres par la même occasion. © DR[/caption]"J’ai repéré un trois-pièces dans la résidence. On pourrait peut-être quitter notre appartement et prendre plus petit maintenant que nous ne sommes plus que trois à la maison ? Et si nous décidions d’habiter sur un bateau ? C’est dommage d’attendre la retraite, il nous reste encore au moins 20 ans à travailler !"
Vu de l’extérieur, notre expérience paraît folle mais nous mesurons tous les jours la chance que nous avons de vivre une telle aventure. Après une journée au bureau, revenir au port, arpenter notre ponton, monter sur la passerelle, c’est comme une reconnexion quotidienne avec la mer. Après plus d’un an à bord, nous avons oublié les aspects atypiques de notre cadre de vie et seul le regard des autres nous en fait prendre conscience. On a l’impression d’être hors norme.
[caption id="attachment_193194" align="aligncenter" width="500"] Sport à domicile ! Les propriétaires ont installé un vélo d’appartement dernier cri sur l’arrière du fly-bridge. © DR[/caption]Au bureau comme à l’école de mon fils, les questions continuent de fuser : « Vous avez une cuisine dans le bateau ? Il y a des toilettes à bord ? Vous vous douchez tous les jours ? Alors, pas trop secoués ? » Depuis que nous vivons sur notre petit trawler, mes collègues ont une pensée pour moi à chaque tempête et viennent prendre des nouvelles. C’est touchant ! Certains me demandent si je démissionne bientôt pour partir faire le tour de monde. D’autres s’inquiètent de savoir si nous n’avons pas trop froid.
Je leur explique que nous sommes en tee-shirt à bord toute l’année car, en plus du chauffage central, nous disposons de deux radiateurs à bain d’huile. Le bateau suscite dans nos relations pas mal de fantasmes ! Beaucoup ont la conviction que nous n’avons pas les moyens de vivre en appartement, qu’il s’agit d’un choix financier. Ils se trompent évidemment ! On a juste osé tout lâcher. Nous étions tous les trois en phase pour passer le cap. [caption id="attachment_193195" align="aligncenter" width="500"] ST 34 © DR[/caption]Lorsque nous avons emménagé, exit la vaisselle en verre, place au plastique ! C’est en réalité bien pour les vacances, mais l’art de la table se vit au quotidien. Au bout de quelques semaines je ne supportais plus la vaisselle acrylique aux dessins marins ! J’ai donc cherché sur internet de la vaisselle en bois, en bambou, en inox, avant de revenir au verre (pas de porcelaine qui s’ébrèche trop vite). Pour les casseroles, inutile de s’encombrer de toute une batterie. La cocotte-minute reste en revanche indispensable car elle permet de changer la bouteille de gaz moins souvent.
Dès le début de notre nouvelle vie, nous avons adhéré au « Club Trawler » qui nous a accueillis chaleureusement. Nous sommes allés à la rencontre des équipages lors du rassemblement à Pornic en juin 2017 pour un week-end d’échanges et de partages. Amis trawléristes du sud de la France, rejoignez le Club ! Vivre au port, c’est aussi sympathiser avec d’authentiques passionnés : Arnaud, le dernier pêcheur professionnel du port, Rémy, le jeune passionné de pêche, le vieux promeneur qui raconte l’histoire du port et de sa conserverie de thons, remplacée aujourd’hui par un hôtel de luxe, le conservateur du Musée océanographique enfin qui vient prélever des vélelles... Non, rien de rien, nous ne regrettons rien ! [caption id="attachment_193201" align="aligncenter" width="500"] Aux beaux jours, le Bénéteau ST 34 quitte sa place de port pour gagner, le temps[/caption] [gallery columns="2" size="medium" ids="193203,193202"]