Deux mois après de premières tensions entre les dockers américains et leurs employeurs, la reprise des négociations font à nouveau craindre d’importantes grèves dans les ports de la côte Est des États-Unis et du Golfe du Mexique. Cette fois encore, les compagnies maritimes anticipent de possibles perturbations en imposant des surcharges.
Le transport maritime transatlantique est-il à l’aube de nouvelles et importantes perturbations ? C’est la question que se posent les chargeurs alors que l’accord de six ans liant l‘International Longshoremen’s Association (ILA), le syndicat des dockers, et la United States Maritime Alliance (USMX), qui regroupe leurs employeurs, arrive à son terme le 15 janvier.
Ce contrat-cadre, qui définit notamment les rémunérations des manutentionnaires, arrivait à son terme le 30 septembre dernier, en plein pic d’activité avant les fêtes de fin d’année. Un terrain d’entente avait été trouvé sur les salaires et les deux parties se donnaient jusqu’au 15 janvier pour parvenir à un consensus sur les sujets restants, en particulier l’automatisation, pomme de discorde entre l’ILA et la USMX, le syndicat des dockers redoutant des pertes d’emplois.
Toujours est-il que les négociations reprennent ce 7 janvier et qu’elles risquent d’être tendues. Si personne ne peut augurer du résultat des échanges entre les deux parties pendant ces 8 jours de pourparlers, les compagnies maritimes ont déjà pris des mesures pour anticiper les perturbations qui ne manqueront pas de survenir en cas de blocage des ports de la côte Est et du Golfe du Mexique.
Ainsi, le retard des bateaux dans les ports américains se répercuterait ensuite en Asie. « Cela conduirait à des goulets d’étranglement dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement maritime mondiale et à des prix plus élevés pour les chargeurs et les consommateurs, explique le journal singapourien The Straits Times. Les entreprises peuvent s’attendre à des retards des marchandises et à des taux de fret plus élevés, dont certains pourraient être répercutés sur les consommateurs grâce à une hausse des prix. »
Hapag Lloyd a d’ores et déjà annoncé la mise en place d’une surcharge en raison des perturbations du travail (WDS) s’élavant à 850 dollars par conteneur de 20 pieds et de 1 700 dollars par boîte de 40 pieds, couvrant tous les types d’équipements. « La surtaxe couvre les importations en provenance de tous les ports d’Europe du Nord, de la Méditerranée, d’Afrique, du Moyen-Orient, du Sous-continent indien, de l’Océanie et de l’Amérique latine vers les États-Unis. Ports de la côte Est et de la côte du Golfe », précise un communiqué de la compagnie allemande.
La charge de destination de l’interruption du travail (WID) s’élève également à 850 dollars par conteneur de 20 pieds et de 1 700 dollars pour 40 pieds. Elle s’applique aux importations en provenance de tous les ports d’Asie de l’Est, du Japon, de la Corée du Sud, de Taiwan, de Hong Kong, de Chine, de Macao, du Viet Nam, du Laos, du Cambodge, de la Thaïlande, du Myanmar, de Malaisie, de Singapour, du Brunéi Darussalam, de l’Indonésie et des Philippines vers les Etats-Unis.
De son côté, Maersk a exhorté ses clients à récupérer leurs conteneurs, les vider et les renvoyer aux États-Unis avant le 15 janvier pour atténuer les perturbations potentielles au niveau des terminaux. Si cette grève a bien lieu, d’autres compagnies maritimes ne manqueront pas de mettre également des mesures en place pour parer aux perturbations.
A la perspective d’un blocage des ports de la façade Est des États-Unis et du Golfe du Mexique, il convient d’ajouter celle d’ajouter la hausse des droits de douane promises par Donald Trump dont l’investiture est prévue le 20 janvier : de nombreux importateurs américains ont accumulé les stocks, notamment en provenance d’Asie, dans cette perspectives, provoquant d’importants pics d’activité ces dernières semaines. Cette double menace a d’ores et déjà fait grimper le Drewry World Container Index. Le 2 janvier dernier, les taux spot pour les conteneurs de 40 pieds entre Shanghai et New York ont ainsi enregistré une hausse de 6,1 % en une semaine.
Sophie Creusillet
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