Deuxième derrière Yoann Richomme désormais à 130 mn, Charlie Dalin se dit à l’affût de la moindre opportunité ! On peut imaginer qu’il a eu des problèmes à bord pour avoir laisser son plus coriace concurrent le distancer mais il n’en dira rien.
« Je fais ma vie ! Je ne regarde pas Yoann, il reste 20 jours de course, je fais ma météo. » Actuellement dans des conditions de navigation toniques proche du cœur d’une dépression, Charlie Dalin prépare ses meilleures cartes pour rejoindre le cabo Frio balayé par un vent de nord soutenu qui devrait lui permettre de toucher les alizés et ainsi cavaler jusqu’à l’équateur. Au programme : étude pointilleuse de la météo et vitesse max !
Une autre course a commencé depuis le passage du cap Horn dans la nuit du 23 au 24 décembre dernier que les deux hommes de tête ont doublé avec 9 minutes et 30 secondes d’écart. C’est celle du grand final. Grand par sa taille (plus de 5 600 milles soit plus de 10 000 km) pour rejoindre Les Sables d’Olonne, grand par l’engagement, grand parce qu’il est en train de marquer une page, voire un chapitre entier de l’histoire de la course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. « Salut Yoann, l’Atlantique ne sera pas pacifique » écrivait sur sa tablette Charlie, en doublant le Horn. Au moins les choses sont claires ! Depuis 5 jours, la bagarre fait rage sur cette remontée de l’Atlantique. « Il y a quelques jours, je me suis fait rattraper par un anticyclone avant Yoann et ma route a été infléchie vers le nord plus tôt que lui. Il a donc pas mal progressé pendant que j’étais arrêté. Et à l’inverse, j’ai pu revenir un peu quand il est tombé dans une zone sans vent. Je poursuis ma route. Évidemment, à chaque pointage, je regarde ce qu’il se passe, si j’ai gagné, si j’ai perdu, cela donne du boost et de l’intensité dans la remontée de l’Atlantique ! » explique Charlie Dalin ce jeudi matin.
Placer son pion sur l’échiquier Atlantique
Fini les longs bords sur plusieurs jours dans le Pacifique, place aux manœuvres, aux changements de voiles, au casse-tête météo. « Ici dans l’Atlantique, les tronçons sont plus petits, tu traverses les systèmes, donc il y a beaucoup plus de changements de voiles. Dans le Pacifique, tu restes sur le même bord pendant des milles et milles… Là, cela dépasse rarement quelques centaines de milles sur le même bord. C’est vraiment une autre façon de naviguer. » souligne le skipper de MACIF Santé Prévoyance, à l’affût de la moindre opportunité, de la moindre erreur de son rival, du moindre nœud de vitesse à grappiller pour réduire l’écart. C’est une régate pure pour atteindre le graal à laquelle s’adonne Charlie et Yoann, deux compétiteurs-amis depuis 20 ans. Ils se connaissent par cœur, et savent pertinemment l’un et l’autre, que le combat va durer probablement jusqu’à la ligne d’arrivée en Vendée…
Les mots de la mer de Charlie Dalin
« Je suis heureux d’être en t-shirt, c’est la première journée ! C’est agréable de naviguer sous le soleil au cœur de la dépression. On est en train en ce moment de gérer le centre d’une dépression, de jouer avec sa courbure, et je vais bientôt faire route au nord de nouveau. La nuit dernière a d’ailleurs été très engagée dans le sud de la dépression avec 30 nœuds de vent par vent de travers, ça a pas mal secoué. Je n’ai pas vu passer l’océan Pacifique ni l’océan Indien, c’est allé très vite. J’ai eu vraiment des conditions assez clémentes, je n’ai pas eu de mer énorme, ni de grains à 40-50 nœuds de vent. Je m’en suis bien tiré des mers du Sud cette année. Le bateau est toujours aussi impressionnant. Parfois, il est même trop rapide quand il y a de la mer. Je dois trouver des solutions pour le calmer plutôt que de le faire accélérer… »