Roland Barthes, dans les années 1950, qualifiait le journal Elle de « véritable trésor mythologique ». Le bâton de maréchal des idées reçues et de la bien-pensance est désormais passé à Télérama, que les édiles parisiens dépouillent chaque semaine pour rester au niveau intellectuel de leurs électeurs — c’est-à-dire au ras du sol.
Jeudi soir passait sur TF1 le joli film de Richard Curtis, Love actually. Télérama en a profité pour nous infliger une leçon magistrale de wokisme et d’intersectionnalité.
Le film serait donc devenu le « rituel doudou de Noël » — qui nous protège de la réalité saumâtre de ce monde injuste où Lucie Castets n’est pas encore Premier ministre. Vingt ans après sa sortie, « la sucrerie a pris un bon coup de pelle ». C’est si vrai que son réalisateur, Richard Curtis, « a fait son mea-culpa. Épinglé par sa fille, qui reproche à son œuvre son manque de diversité et sa grossophobie, le scénariste de Quatre Mariages et un enterrement, Bridget Jones et Coup de foudre à Notting Hill a reconnu qu’il faisait des films de boomeurs ». Crime suprême que de s’adresser aux plus de cinquante ans, avec un navet à « diversité quasi nulle, romantisme réac et ultra genré, et léger relent de xénophobie en prime ».
Voilà les futurs metteurs en scène prévenus. Blanche-Neige doit être noire et gouine pour plaire à Télérama, et les coups de foudre n’existent pas pour une nouvelle génération qui vit ses amours dans l’équité, le respect de l’autre (« puis-je dégrafer ton soutif, chérie ? ») et la haine instinctive de l’infidélité (beurk !), de la reproduction (re-beurk) et de la domination paternaliste. Richard Curtis, auteur de ce « rêve du macho de base », est prié de faire contrition publique, comme ces gamines blondes qui aux Etats-Unis, baisaient les pieds des footballeurs de couleur, après l’affaire George Floyd en 2020.
L’homosexualité (4,5% de la population, selon toutes les statistiques fiables) est désormais une référence obligée de toute histoire d’amour : « Difficile, explique Hélène Marzolf, de ne pas voir que le film a oublié un autre truc. L’amour entre personnes du même sexe… Oups ! »
A lire ensuite: Le wokisme n’existe pas. Enfin, ça dépend des jours…
Oui. Dans La Princesse de Clèves, Manon Lescaut, Madame Bovary, il n’y en a pas non plus. Vite, dépêchons Caroline de Haas dans nos bibliothèques pour les purger de ces brûlots sexistes.
À noter que dans Quatre Mariages et un enterrement, Richard Curtis avait inséré l’une des plus belles scènes d’amour et de mort, à l’occasion du décès du compagnon de l’un des protagonistes. Alors, homophobe un jour, mais pas homophobe toujours ?
Je n’ai pas besoin de réalisateurs et d’auteurs contemporains pour me faire des leçons sur l’homosexualité sous toutes ses formes. Il me suffit de relire La Recherche du temps perdu — mais Hélène Marzolf sait-elle vraiment lire, hors Annie Ernaux, Edouard Louis et Virginie Despentes, trinité sainte de la nullité littéraire ?
Jusqu’à quand tolèrerons-nous les diktats d’une élite auto-proclamée qui ne représente qu’elle-même ? Les journaux de la Gauche bien-pensante ne sont même pas arrivés à analyser la victoire de Trump comme une défaite générale du wokisme personnifié par Kamala Harris. Ils ne saisissent pas que #MeToo, par ses excès et ses préjugés, fait désormais horreur à une majorité de Français : tant pis pour celles et ceux qui ont réellement été violés. Ils plaident pour Lucie Castets, qui coche au moins la case « lesbienne », ou pour Mathilde Panot, idole de ces décervelés… L’une et l’autre se distinguent par une bêtise massive à laquelle s’identifient, sans doute, des électeurs de Gauche de moins de quarante ans formés par Philippe Meirieu, pape de l’analphabétisme contemporain, comme le souligne par ailleurs Didier Desrimais.
Désabonnez-vous de Télérama, et abonnez-vous à Causeur, c’est moins cher et plus intelligent. Et hurlez chaque fois que le wokisme pousse ses feux : c’est sur le terrain de l’idéologie (et pas de l’économie !) que se dérouleront les prochaines élections.
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