La Turquie a été «exemptée» par Washington des sanctions à l'encontre de Gazprombank, a rapporté ce 20 décembre Bloomberg, ce qui lui permet de poursuivre les paiements de ses importations de gaz russe via cette banque. Cette dérogation survient après une «série de discussions» avec des responsables américains a confié, deux jours plus tôt, à l'agence américaine le ministre turc de l'Énergie Alparslan Bayraktar.
Sans exemption, «nous ne serons pas en mesure de payer la Russie» avait-il déclaré le 26 novembre. Déclaration qui faisait suite à l'annonce par le département du Trésor américain, le 21 novembre, d'une série de sanctions contre une centaine d'entités et de responsables financiers russes, dont Gazprombank qui joue un rôle clé dans le paiements des hydrocarbures russes. Une inscription qui avait provoqué des remous à Ankara, 42% des importations turques de gaz provenant de Russie.
Cette décision des États-Unis fait également écho à une dérogation accordée à la Hongrie. Le 19 décembre, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto avait annoncé que Budapest avait obtenu le droit d’utiliser Gazprombank pour régler ses approvisionnement en hydrocarbures russes.
«Aujourd'hui, ils ont accordé une exemption pour les paiements de gaz relatifs à Gazprombank, ce qui est une bonne nouvelle, mais entretemps, nous avons élaboré une solution avec nos alliés régionaux, un mode de paiement alternatif, qui ne viole pas les sanctions mais permet les paiements» avait-il déclaré Szijjarto, selon des propos rapportés par Reuters.
Cette vague de sanctions américaines, décrétée en novembre, vise à «réduir[e] et dégrade[r] encore davantage la machine de guerre de la Russie» avait déclaré la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen. Toutefois, ces mesures de rétorsion, unilatérales, se heurtent à la réalité des besoins énergétiques de certains pays européens et alliés de Washington.
«Si ces mesures visent à affaiblir la Russie avant l’arrivée de Donald Trump, elles pourraient également avoir des conséquences imprévues, notamment provoquer une hausse des prix mondiaux de l’énergie et attiser les tensions, tant avec les adversaires qu’avec des partenaires» avait souligné le 10 décembre à ce sujet l'agence Bloomberg.
La Turquie, en particulier, avait mis en garde contre les répercussions de ces sanctions sur sa sécurité énergétique. «L'absence d'une exception pourrait signifier que la Turquie elle-même devient une cible des sanctions», avait auparavant averti Alparslan Bayraktar, selon des propos cités ce 20 décembre par la radio-télévision turque.