La justice argentine a rendu le 10 décembre un non lieu au bénéfice des deux internationaux français de 21 ans accusés de viol aggravé car commis en réunion par une femme au cours d'une soirée alcoolisée à Mendoza (nord-ouest), dans la nuit du 6 au 7 juillet après un match du XV de France contre l'Argentine.
L'avocate de la plaignante, Me Natacha Romano, avait immédiatement annoncé son intention de faire appel de la décision rendue par une juge du pôle judiciaire de Mendoza où a été instruite l'affaire.
Selon Me Romano, la justice a autorisé le dépôt de l'appel, qui aura lieu dans les prochains jours. "La consigne (de sa cliente, ndlr) est d'épuiser toutes les instances" d'appel jusqu'aux plus hautes juridictions.
Les prochaines étapes sont la Cour de cassation de Mendoza, puis la Cour suprême de Mendoza et enfin la Cour suprême nationale. L'avocate s'est dit prête à saisir, en dernier ressort, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) établie au Costa Rica.
La plaignante âgée de 39 ans dit avoir été agressée, après une rencontre en boîte de nuit, dans l'hôtel où séjournaient des membres de l'équipe de France de rugby.
La juge qui a rendu le non lieu a estimé que "l'acte enquêté ne constitu(ait) pas un délit", donc qu'il n'y avait pas eu de viol.
Pour Me Romano, toutes les preuves "devraient être pleinement évaluées". "Nous avons des preuves en attente de production qui avaient même été ordonnées et, de manière surprenante, le procureur n'a pas voulu les produire", ajoute l'avocate.
Origine des ecchymoses
Elle fait référence à l'origine des ecchymoses que la plaignante a présentées et qui ont été confirmées par les tribunaux.
Alors que la défense des joueurs a soutenu que la plaignante souffrait d'une maladie hématologique qui la rendait sujette aux ecchymoses, la femme nie que ce soit là l'origine des marques qu'elle a présentées et les attribue à des coups portés par ses agresseurs présumés.
"La preuve fondamentale a été le témoignage de l'hématologue, qui a signé le rapport (...) où il dit qu'il exclut que notre cliente souffre d'une quelconque maladie qui justifie ces blessures atroces, qui sont au nombre de quinze", soutient Natacha Romano.
Elle déplore que le rapport ait été rejeté par le magistrat instructeur puis par la juge qui a prononcé le non lieu.
Autre point motivant l'appel: le refus de produire une inspection oculaire de la pièce où les événements présumés ont eu lieu, ainsi que des tests sonores.
"Il y a eu des contradictions répétées entre les témoins qu'ils (la défense) ont présentés pour pouvoir définir si les appels à l'aide de notre cliente avaient été entendus", explique l'avocate.
Concernant la possibilité pour les joueurs de porter plainte au civil contre leur accusatrice pour diffamation, Me Romano estime que "ce sont eux les diffamateurs", rappelant que le nom et le prénom de la femme ont été rendus publics.
Sa cliente a au contraire "pris la décision de dénoncer les faits devant la justice et non pas devant les caméras".
Cette menace de diffamation "n'est rien d'autre qu'une pression psychologique pour que la plaignante ne fasse pas appel mais cela n'arrivera pas".
Auradou et Jegou, qui ont pour avocat principal Rafael Cúneo Libarona, frère de l'actuel ministre argentin de la Justice, Mariano Cúneo Libarona, ont toujours affirmé que le rapport sexuel était consenti.
Ils avaient été placés en détention provisoire puis assignés à résidence à Mendoza jusqu'à ce que la justice les libère à la mi-août et les autorise à rentrer en France début septembre. Depuis, ils ont rejoué avec leur club de Pau et La Rochelle.