En Jordanie, ministres et responsables américains, européens, arabes et turcs tiennent une réunion à Aqaba sur la mer Rouge, pour discuter du dossier syrien après la fuite de M. Assad, chassé le 8 décembre par une offensive fulgurante des rebelles islamistes entrés à Damas.
Au lendemain de célébrations à travers le pays de foules de Syriens en liesse pour fêter la "victoire de la révolution", les habitants ont vaqué à leurs occupations, notamment à Damas.
La police de la circulation relevant des nouvelles autorités a été déployée dans les rues de la capitale, où les employés municipaux nettoient les routes.
La plupart des commerces ont rouvert, y compris le célèbre souk al-Hamidiyé dans le vieux Damas, selon des correspondants de l'AFP sur place.
Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan, qui a fait état de lignes de communication ouvertes avec les nouveaux maîtres de Damas, a annoncé que le chef de mission s'était rendu à Damas pour ouvrir l'ambassade samedi.
La chancellerie avait fermé en mars 2012, un an après le début de la guerre civile en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, et après des appels du gouvernement turc à la démission de M. Assad.
Dialogue direct Turquie-HTS
A l'issue d'une offensive de 11 jours, une coalition de factions rebelles emmenées par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris aux forces gouvernementales la grande partie du pays, mettant fin à un demi-siècle de pouvoir de la famille Assad.
Le nouveau Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1er mars, Mohammad al-Bachir, a promis un Etat de droit et de "garantir les droits de tous", face aux inquiétudes de la communauté internationale.
HTS, dirigé par Abou Mohammad al-Jolani, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.
"Nous leur disons (à HTS): la Turquie qui vous soutient depuis des années, ainsi que le monde, attend ceci de vous (...) Notre devoir et leur épreuve est de répondre à ces préoccupations", a-t-il ajouté.
"Ne plus investir dans Assad"
Depuis 2016, la Turquie exerce une influence considérable sur le nord de la Syrie, entretenant des relations avec HTS qui a lancé son offensive contre le pouvoir à partir d'Idleb (nord-ouest), son fief.
M. Fidan a aussi affirmé que son pays avait convaincu la Russie et l'Iran, proches alliés de M. Assad, de ne pas intervenir pendant l'offensive rebelle. Russes et Iraniens ont "rapidement compris que M. Assad n'était plus quelqu'un dans lequel il fallait investir".
De son côté, une délégation du Qatar se rend dimanche en Syrie pour préparer la réouverture de l'ambassade, selon un diplomate.
A Aqaba, Geir Pedersen, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, a appelé à œuvrer pour éviter "l'effondrement des institutions syriennes", lors d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat Antony Blinken, avant la rencontre internationale.
Il a aussi plaidé pour un processus politique "crédible et inclusif pour former le prochain gouvernement".
"Uni, uni, uni, le peuple syrien est uni", est devenu le leitmotiv des Syriens depuis la fuite de M. Assad avec sa famille en Russie.
Mais la liesse est accompagnée de la douloureuse quête de Syriens qui recherchent leurs proches disparus durant les décennies de répression brutale du pouvoir Assad, accusé des pires exactions.
Raids israéliens
Plusieurs acteurs soutenus par différentes puissances ont été impliquées dans la guerre en Syrie, qui a fait plus d'un demi-million de morts et poussé à la fuite quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population.
Dans le nord-est syrien, les Etats-Unis maintiennent environ 900 soldats et soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, qui ont défait le groupe jihadiste Etat islamique (EI) durant la guerre et installé une administration autonome. Les FDS ont salué la chute de M. Assad
Israël, voisin sud de la Syrie, a mené de nouvelles frappes sur des "sites militaires de l'ancien régime" à Damas et sa banlieue, détruisant un institut scientifique et un "aéroport militaire", selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les frappes ont également visé des "entrepôts de missiles balistiques" et des lances-roquettes à Qalamoun, à la périphérie de Damas, ainsi que des "tunnels" sous les montagnes, a ajouté l'OSDH.
Ces raids visent à "détruire ce qui reste des capacités militaires de la prochaine armée syrienne", d'après l'Observatoire.