Les patients de l’hôpital régional lieutenant-colonel Mamadou Diouf de Saint-Louis, sont obligés de parcourir 70 km et d’aller jusqu’à Louga, pour ensuite, casquer plus de 100.000 FCfa et pouvoir faire certains examens. Depuis quelques semaines déjà, le scanner ne fonctionne plus. Une situation qui préoccupe les Saint-Louisiens et qui cause surtout beaucoup de désagréments aux patients, qui ne savent plus où donner de la tête. Avec "Le Témoin".
Selon Zayire Fall, chargé de la communication de l’hôpital régional de Saint-Louis, le scanner de l’établissement n’est pas directement en panne, mais son onduleur est défectueux. « Les techniciens refusent de brancher directement l’appareil, au risque d’endommager d’autres composants essentiels », a-t-il précisé. La réparation du scanner dépend ainsi du remplacement de cet onduleur, estimé à environ 800 000 francs Cfa, par une entreprise déjà sollicitée par l’hôpital.
Face à cette situation, Doudou Diop, président de l’Association des diabétiques de Saint-Louis et coordonnateur du Cercle des associations de malades, s’est dit profondément surpris et inquiet. « Une ville comme Saint-Louis, qui polarise plus de 1 000 villages et les départements de Dagana et Podor, ne peut se permettre de ne pas avoir un scanner fonctionnel. C’est une situation désolante », a-t-il déclaré. Il a exhorté les nouvelles autorités à prendre des mesures urgentes, pour équiper correctement l’hôpital régional, améliorer son plateau technique et résoudre ce problème de scanner.
Un cri d’alarme pour un hôpital en difficulté
Lors de son intervention, M. Diop a également pointé du doigt les tarifs appliqués pour les examens au scanner. « Ces tarifs varient d’un hôpital à l’autre. L’État devrait, à l’instar des prix des médicaments en pharmacie, homologuer les coûts des prestations hospitalières, afin d’éviter les abus », a-t-il suggéré. Selon lui, une meilleure organisation du système de santé est nécessaire, sans quoi les efforts financiers des autorités risquent de s’avérer inefficaces.
Banda Sarr, président des Hémodialysés de Saint-Louis, partage ce constat alarmant. Il a souligné que « dans le contexte actuel, le scanner est un outil incontournable pour les spécialistes ». Cependant, à l’hôpital régional de Saint-Louis, cet appareil reste défaillant depuis deux ans, obligeant les patients à se rendre dans d’autres localités, souvent dans des conditions difficiles. « Il est inadmissible de continuer à déplacer des patients de jour comme de nuit, à cause d’un problème qui aurait pu être réglé depuis longtemps », a-t-il martelé.
Des conditions précaires pour les patients
Outre le problème du scanner, M. Sarr a déploré l’insuffisance des lits pour les hémodialysés, les pannes fréquentes des équipements et le coût élevé des soins. « Trente patients hémodialysés sont actuellement en attente d’une prise en charge », a-t-il alerté. Il a également dénoncé les prix élevés des médicaments, appelant l’État à intervenir pour rendre les soins accessibles à toutes les couches sociales.
Un hôpital au passé prestigieux en déclin
Fondé en 1822 et considéré comme le premier hôpital d’Afrique noire, le Centre hospitalier régional de Saint-Louis, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a longtemps été une référence pour le sud de la Mauritanie, ainsi que pour les régions de Matam, Saint-Louis et Louga. Rebaptisé en 1983, du nom du médecin lieutenant-colonel Mamadou Diouf, cet hôpital accueillait des patients venus de partout. Mais aujourd’hui, il peine à maintenir son standing. Faute d’équipements et d’une gestion efficace, les malades préfèrent se tourner vers d’autres structures, pour certains examens essentiels.
Les appels des associations de malades, comme celles de Doudou Diop et de Banda Sarr, reflètent le désarroi des patients et des populations, face à une situation qui ne cesse de se dégrader. Ils interpellent les autorités compétentes pour des actions rapides et concrètes, afin de réhabiliter cette institution historique et répondre aux besoins des usagers.