Dans un rapport détaillé, Météo-France et le Centre National de Recherche Météorologique (CNRM) se sont penchés sur ce que pourrait être le pays d’ici à 2100, au rythme du réchauffement climatique actuel. En France hexagonale et en Corse, le réchauffement moyen attribué au changement climatique sur la décennie 2013-2022 est de + 1,7 °C, par rapport à 1900-1930, explique d’emblée le document. Dans 80 ans, la réalité climatique française pourrait encore évoluer. "La température moyenne annuelle sur la France pourrait atteindre 14,2 °C avec des pointes à 15 °C sur l’agglomération parisienne", correspondant au "climat actuel de la région de Montpellier", voire "au-delà de 18 °C sur la moitié sud" comme de nos jours en Andalousie, explique Météo-France. Soit un réchauffement de 4 °C.
L’ancien ministre de la Transition écologique Christophe Béchu l’avait anticipé en 2023, expliquant que la France devait s’adapter à une hausse des températures de 4 °C d’ici la fin du siècle. Dans l’étude, plusieurs cartes de la métropole montrent le réchauffement potentiel région par région à l’horizon 2030, 2050 et 2100. Le réchauffement attendu n’est toutefois pas uniforme "entre le sud-est du pays et les Alpes qui se réchauffent plus et le nord-ouest du pays un peu moins", indique l’observatoire météo français.
Saison par saison, "le réchauffement est plus marqué en été qu’en hiver, de l’ordre de 1 °C". Sur les précipitations futures, plus fortes ou plus faibles selon les régions, l’incertitude demeure pour une large partie de l’Hexagone. Toutefois "sur l’extrême Sud-Ouest, on a une majorité de simulations qui annoncent un signal à la baisse" des pluies, et "elles montrent une légère augmentation sur le Nord-Est", a expliqué Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint de la climatologie de Météo-France, lors d’un point presse.
Ces enseignements sont la déclinaison de simulations basées sur la "Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique" (TRACC), un scénario retenu par le gouvernement qui doit s’imposer à toutes les politiques publiques. Cette TRACC impose à la France de se préparer, quels que soient ses efforts de réduction de gaz à effet de serre, à ce que le climat en métropole se réchauffe de + 2 °C en 2030, + 2,7 °C en 2050 et + 4 °C en 2100 par rapport à l’époque préindustrielle. Cette projection à + 4 °C correspond à une évolution envisageable du climat en France si celui de la planète entière augmentait de 3 °C au cours du siècle, car le réchauffement est accentué sur les continents, en particulier aux latitudes des régions tempérées et aux pôles.
"Grâce à un jeu de 17 simulations climatiques, nous pouvons avoir désormais une idée assez claire de la croissance des températures si les Etats n’améliorent pas leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre", a indiqué Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint scientifique de la climatologie et des services climatiques à Météo-France. Les politiques actuelles de réduction de gaz à effet de serre emmènent le monde vers un réchauffement "catastrophique" de 3,1 °C au cours du siècle, selon l'ONU Environnement.