Avec Aminata Touré, les mots sont précis et nets. Interrogée par "Jeune Afrique" (voit page 4), sur ce qui s’est passé à Thiaroye, le 1er décembre 1944, elle sera sans équivoque. « Les tirailleurs qui ont combattu auprès de soldats français, réclamaient leurs droits, mais ils ont eu pour seule réponse, des rafales de mitrailleuses. Ce fut un massacre et il n’y a pas d’autres mots qui puissent définir cette tragédie. C’est une évidence historique, il n’est jamais trop tard pour la reconnaître. En février 2017, le président Emmanuel Macron, lui-même, avait dit que la colonisation était un crime contre l’humanité. Sa reconnaissance de ce qu’il s’est passé à Thiaroye, s’inscrit donc dans cette lignée. Si c’est un crime contre l’humanité, cela doit donner lieu à des réparations », dira l’ancien Premier ministre, détaille "Le Témoin".
Sur la présence des militaires français au Sénégal, elle ne met pas aussi de gants. « On compte développer des partenariats avec tout le monde, mais sous d’autres formes. Cela peut être des échanges de renseignements ou de la formation. Mais il faut se rappeler pourquoi les bases militaires étaient en Afrique. C’était pour venir au secours de gouvernements complètement à la solde et à la merci de la France. Nous avons dépassé cette période. Cela ne veut pas dire que c’est la fin de la coopération militaire avec la France, la Chine, les États-Unis ou qui que ce soit. Nous restons ouverts, mais les termes changent. Aujourd’hui, les Africains ont davantage de souveraineté et cela passe par la souveraineté militaire», argumente-t-elle.