A l'Assemblée nationale, 331 députés ont voté la motion déposée par la gauche - 288 voix étaient nécessaires - en réponse au 49.3 du Premier ministre pour faire passer sans vote le projet de budget de la Sécurité sociale.
L'indice vedette CAC 40 enjambe toutefois la crise politique sans encombre: vers 10H00, il avançait de 0,65%, gagnant 47,72 points à 7.351,00 points. La veille, il a grimpé de 0,66% à 7.303,28 points.
"Au niveau des écarts de taux entre la France et l'Allemagne, que tout le monde regarde, on se situe à" environ 0,80 point de pourcentage vers 10H00, "ce qui est même moins que la semaine dernière", souligne Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France.
"Comment l'expliquer? On a compris qu'un nouveau Premier ministre serait nommé assez rapidement et les premières déclarations de partis ne montrent pas une volonté de blocage et ne semblent pas fermer la porte à de nouvelles discussions", a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, "les actifs français ont été tellement dégradés qu'il y a aussi une chasse aux bonnes affaires. Cela reste une réaction de très court terme à interpréter de manière prudente", nuance l'analyste.
"Il y a de rares moments où la réaction du marché aux nouvelles laisse perplexe. Aujourd'hui et cette semaine est l'un d'entre eux", ironise Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank dans une note.
Par ailleurs, l'agence de notation Moody's a estimé dans la nuit que la chute du gouvernement de Michel Barnier "rédui(sait) la probabilité d'une consolidation des finances publiques" de la France et "aggrav(ait) l'impasse politique du pays", ajoutant que cet événement était "négatif" pour la note de crédit du pays.
"Avec la démission du gouvernement, il est peu probable que le budget proposé pour 2025 soit poursuivi, et une +loi spéciale+ prolongera probablement le budget de 2024 pour maintenir les services publics" en fonctionnement, commentent les économistes de la Société Générale dans une note.
Loi spéciale ou ordonnance, la France dispose de plusieurs moyens d'éviter une paralysie, mais qu'un nouveau Premier ministre fasse adopter "un budget édulcoré" incluant des concessions ou que le budget 2024 soit reconduit à l'identique, le pays raterait immanquablement son objectif de réduire son déficit public à 5% du PIB l'an prochain, prévoit Maxime Darmet, économiste chez Allianz.
La banque française Société Générale estime quant à elle "que le déficit restera supérieur à 6% du PIB".
Sur le marché des devises, la monnaie unique prenait 0,20% face au billet vert, à 1,0535 dollar pour un euro.
Safran dévisse
Le motoriste et équipementier aéronautique français a indiqué jeudi tabler sur une croissance de 15% à 20% de ses livraisons de moteurs Leap en 2025, après avoir revu plusieurs fois à la baisse cet indicateur en 2024.
Le groupe prévoit par ailleurs une progression d'environ 10% de son chiffre d'affaires l'an prochain et une croissance annuelle moyenne comprise entre 7% et 9% à horizon de 2028, à périmètre constant.
Affecté par les difficultés touchant sa chaîne de fournisseurs, Safran avait révisé à la baisse en octobre ses prévisions de livraisons de moteurs Leap, qui équipe la totalité des Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320neo. Il prévoit une baisse de 10% cette année, alors qu'il tablait auparavant sur une hausse de 0% à 5%, une prévision confirmée jeudi.
Le titre lâchait 5,07% à 217,00 euros à Paris.