En visite d’Etat dans le royaume saoudien du 2 au 4 décembre, le Président français Emmanuel Macron a signé avec le prince héritier Mohammed ben Salman un partenariat stratégique qui pose les bases de la coopération et des relations bilatérales entre les deux pays pour les dix prochaines années. Objectif : augmenter le volume des échanges commerciaux.
Si, actualité oblige, la diplomatie risque de prendre le pas sur les autres volets, le commerce est loin d’être relégué aux oubliettes lors du troisième déplacement d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite. Son programme comporte ainsi une visite au forum d’affaires franco-saoudien auxquelles participent 120 entreprises tricolores emmenées par Medef International et la délégation présidentielle, organisée par Business France, compte 50 chefs d’entreprises. Des accords et contrats pourraient être annoncés à l’issue de cette journée.
Premier acte du volet économique de cette visite : les deux dirigeants ont signé lundi 2 décembre un partenariat stratégique « qui permettra de multiplier les coopérations et les réalisations concrètes dans les domaines, qu’il s’agisse de la défense, de la transition énergétique, de culture, des mobilités entre les deux pays ou de l’organisation de grands événements », résume un communiqué de l’Elysée.
Ces grands événements, comme les Jeux asiatiques d’hiver, la Coupe du monde de football en 2027 et l’Exposition universelle de 2030, font d’ailleurs partie intégrante de Vision 2030, le plan saoudien pour diversifier l’économie du pays, aux côtés de grands programmes architecturaux (la ville de Neom, le Mukaab à Riyad…), d’investissements dans la tech ou encore du projet IMEC (India-Middle East-Europe Economic Corridor). Ce dernier, destiné à créer de nouvelles connectivités, donnerait à l’ensemble du Golfe un rôle de carrefour entre l’Inde et l’Europe, « la France se positionnant comme un des vecteurs permettant d’accélérer et de mettre en œuvre ces projets », précise-t-on à Paris.
Ce foisonnement de grands projets n’est cependant pas nouveau dans le royaume saoudien et la France a su y placer ses pions. En témoigne l’inauguration, 5 jours avant l’arrivée d’Emmanuel Macron, du métro de Riyad, conçu par Systra. Ce spécialiste de l’ingénierie des transports a par ailleurs annoncé « être déjà mobilisé sur de nombreux autres projets intégrés au programme Vision 2030 » tels le monorail du quartier d’affaires King Abdullah Financial District à Riyad, le réseau de métro léger de Qiddiya ou encore le réseau de transport par câble de Qiddiya.
Dans le tourisme et la culture, que le Royaume compte développer, les Français ont également su jouer leurs cartes, en particulier sur le projet culturel et touristique Al-ʿUla, du nom d’une oasis proche du site nabatéen d’Hegra. Dirigée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, l’Agence française pour le développement d’Al-ʿUla (Afalula) a un rôle prédominant dans ce projet. Quelques 200 acteurs publics et privés, dont Alstom, Bouygues, Egis et Accor sont impliqués. Les PME ne sont pas en reste puisque sur 347 contrats signés, 194 l’ont été par des PME, selon un décompte des Echos.
Autre secteur mis en avant par un pays qui souhaite anticiper « l’après-pétrole », l’énergie est également au cœur de la stratégie saoudienne. Des annonces d’investissements devraient être faires dans les ENR, en particulier le solaire. Les questions environnementales porteront également sur le domaine de la gestion de l’eau, cruciale dans ce pays désertique. Le One Water Summit, initiative française soutenue par le prince Mohammed ben Salman et le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev, se déroule aujourd’hui, mardi 3 décembre.
Dans ce secteur également, des PME tentent de se faire une place. C’est le cas de Qualisteo et sa technologie innovante de smart metering, qui permet aux sites industriels et aux infrastructures publiques de réduire leur consommation énergétique jusqu’à 30 % sans investissement significatif. Qualisteo propose en effet une solution unique de comptage multi-énergies (électricité, eau, gaz, vapeur) capable d’optimiser en temps réel les performances énergétiques des installations, notamment dans la gestion des eaux usées.
Si les trois jours que dure cette visite présidentielle signent le rapprochement de la France et du royaume saoudien dont la réputation à l’international reste par ailleurs entachée, notamment, par l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, force est de constater que les échanges franco-saoudiens de biens restent modestes.
En 2023, ils se sont élevés à 9,5 milliards d’euros (Md EUR), en recul de 14 % par rapport à 2022. Les exportations françaises, qui se sont élevées à 4,5 Md EUR, en hausse de 5 %, sont largement dominées par l’aéronautique dont les livraisons ont atteint 1,7 Md EUR, soit 41 % du total.
La pharmacie occupe le deuxième poste (+ 5 % à 380 millions d’euros) et quelques autres postes ont également soutenu l’ensemble des exportations, comme les machines et équipements, les véhicules terrestres, le matériel électrique et les produits sidérurgiques. Tous secteurs confondus, l’Arabie saoudite est le deuxième pays destinataire des exportations tricolores dans la région, derrière les Emirats arabes unis. Mais des parts de marchés sont encore à prendre…
Sophie Creusillet
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