Depuis le 7-Octobre, on ne compte plus les manifestations en faveur de Gaza dans les universités aux États-Unis. Ou plutôt si : on les compte. Selon un sondage du site web Axios, proche du Parti démocrate, 8 % des étudiants américains ont participé en 2023-2024 à une ou plusieurs opérations propalestiniennes sur leur campus – blocages de faculté, installations sauvages de tentes de camping, arrachages de photos d’otages du Hamas… Parmi eux, poursuit Axios, 12 % forment une frange d’activistes purs et durs, pour ne pas dire antisémites, qui ne se bornent pas à contester la politique de l’État hébreu, mais déclarent carrément avoir de l’hostilité pour le peuple israélien.
Face à ce mouvement, certains établissements ont acheté la paix, comme Berkeley, en Californie, qui a annoncé à la rentrée l’ouverture d’un nouveau programme d’« études palestiniennes et arabes ». D’autres ont carrément obéi aux appels au boycott, telle la San Francisco State University (SFSU), qui vient de mettre un terme à toutes ses collaborations avec des entreprises américaines en contrat avec Tsahal. On aurait tort cependant d’imaginer que la complaisance du monde académique est générale. Selon la Foundation for Individual Rights and Expression (FIRE), ONG libertarienne peu suspecte d’islamo-gauchisme, on assiste même depuis un an dans les facultés américaines à une vague inédite de sanctions internes à l’encontre de militants propalestiniens. Cette fondation basée à Philadelphie édite un site web, baptisé « Scholars under Fire », où sont listés tous les processus disciplinaires ayant visé ou visant des universitaires pour cause de propos publics. Alors que depuis vingt ans, cette base de données était principalement remplie – wokisme oblige – d’« annulations » prononcées contre des professeurs conservateurs, la tendance s’est nettement inversée depuis quelques mois, avec, pour l’année 2024, au moins 50 démarches visant des enseignants de gauche – principalement pour leurs positions sur le Proche-Orient – contre une dizaine de droite. Il faut dire que certains cas sont indéfendables.
L’une des dernières affaires en date concerne une certaine Rupa Marya, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco (UCSF), qui, dans un tweet en septembre, a émis des réserves sur un de ses élèves du simple fait que celui-ci se trouve être un citoyen israélien ! Pour cette discrimination patente, l’enseignante a été suspendue de ses fonctions. On ne signale bien sûr aucun comportement comparable dans le camp adverse. C’est chez les « progressistes » que sévit aujourd’hui la forme intellectuelle et distinguée de l’essentialisme aux États-Unis.
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