On peut évidemment s’imaginer que le désir présidentiel de durer jusqu’en 2027 et l’ingéniosité d’Emmanuel Macron lui permettront de trouver une solution et d’échapper à ce qui pour l’instant, et de la part de voix savantes aussi bien qu’engagées, ressemble fortement à une impasse républicaine.
Il est en effet permis de le souhaiter puisque le 4 décembre une motion de censure, réunissant le Nouveau front populaire et le RN, sera probablement votée, mettant ainsi fin au gouvernement de Michel Barnier aussi vaillant qu’il a peut-être été un maladroit tacticien.
Si on suit Charles de Courson et Jean-François Copé, il n’y aurait plus d’autre solution que la démission du président de la République. À cause de cette catastrophique dissolution qui a enclenché un processus politique mortel pour le pays. Je ne rejoins pas Franck Louvrier qui considère qu’il y aurait eu de toutes manières une dissolution et que cette dernière n’est pas la cause de tout. Il oublie que décidée de manière absurde ou accomplie dans la période budgétaire, comme c’était envisagé, elle n’aurait pas engendré les mêmes résultats pour les élections législatives.
On a entendu des analystes généralement pertinents et avertis de la chose politique s’accorder sur le fait que, quel que soit le futur Premier ministre, il y aura un blocage comme pour Michel Barnier. En creux, cela implique un départ du président de la République. Yves Thréard l’a développé le 2 décembre, et questionné sur BFMTV par Éric et Jérôme Jaffré sur la même ligne le 3 décembre il a déclaré « qu’il n’y avait pas de solution politique en vue. Quel que soit le prochain Premier ministre, il se heurtera aux mêmes problèmes à l’Assemblée nationale, à l’absence de majorité, à l’opposition vigoureuse de la gauche et au jeu d’hostilité du RN ».
J’entends bien qu’il est confortable, l’échec constaté, de relever ce qui l’a rendu possible et ce qui aurait pu l’éviter.
La conséquence est que Michel Barnier a donné l’impression sur la fin de céder quelques piécettes de manière précipitée en permettant au RN de se camper en bourreau jamais satisfait.
On a reproché à Marine Le Pen d’avoir été irresponsable en plongeant le pays dans la crise. Il me semble assez paradoxal d’avoir toujours répugné à faire entrer le RN, malgré sa multitude d’électeurs, dans le jeu politique classique comme s’il avait la peste – et quelle complaisance en même temps à l’égard de LFI ! – et en même temps de réclamer du parti le plus important à l’Assemblée nationale qu’il se comporte comme s’il était traité sur un mode équitable. Cette discrimination explique sans doute cette attitude, pour le RN, de baroudeur imprévisible et inconséquent, blessé et frustré plus que lucide dans ses desseins parlementaires.
Le président de la République voudrait, pour une fois, aller vite et nommer dans les meilleurs délais un nouveau Premier ministre. Il est peu probable qu’il se tourne vers la gauche. Même celle de François Hollande et de Bernard Cazeneuve. Un gouvernement technique est trop souvent une fausse bonne idée. Emmanuel Macron se décidera-t-il pour François Bayrou assez consensuel et qui piaffe d’impatience pour démontrer qu’il sera l’homme de la situation ? Ou pour Sébastien Lecornu, habile, plein d’entregent, subtil mais, pour certains, trop proche du président ? Ou un(e) autre, surgi(e) des profondeurs de la personnalité présidentielle et validé(e) par Alexis Kohler ? Il est sûr, en tout cas, que personne, même parmi les macronistes les plus fervents, n’aspire aujourd’hui à voir le président reprendre des forces, de la maîtrise et du pouvoir. Qu’il s’estime déjà heureux de pouvoir demeurer jusqu’en 2027 !
Mais sortira-t-on de l’impasse démocratique ? Il y a des miracles qui surgissent au milieu du pire, voire parfois du pire lui-même.
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