La femme d'affaires est en conflit avec le rappeur Booba, mis en examen depuis octobre 2023 dans un autre dossier à Paris pour cyberharcèlement à son encontre. Elle accuse le réseau social d'avoir sciemment continué à donner à l'artiste l'accès à ses services, "lui permettant ainsi de la harceler", d'après une source proche du dossier.
Magali Berdah avait déjà porté plainte en avril 2023, mais l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris avait été classée, "au motif qu'aucune infraction n'était suffisamment caractérisée", a expliqué le ministère public.
En novembre 2023, Mme Berdah a de nouveau déposé plainte, cette fois-ci avec constitution de partie civile, et obtenu la saisine d'un magistrat instructeur.
Cette information judiciaire doit permettre "à la justice d'apprécier le rôle de la plateforme X dans le cyberharcèlement subi par Magali Berdah et de se prononcer sur la responsabilité pénale des plateformes", ont estimé les avocats de la plaignante, Mes Antonin Gravelin-Rodriguez, Rachel-Flore Pardo et Elie Touitou, contactés par l'AFP.
La période visée par la plainte de Magali Berdah s'étend avant et après le rachat de la plateforme par le milliardaire américain Elon Musk. Mais les critiques accusant le réseau de servir de chambre d'écho à la haine en ligne et au harcèlement n'ont pas attendu ce changement de propriétaire.
Il est toutefois rare que des procédures pour des affaires de harcèlement en ligne aillent jusque devant la justice pénale française.
Au civil, Twitter avait notamment été assigné en justice en France par six associations à partir de 2020, et condamné en mars 2023 par la Cour de cassation à détailler ses moyens de lutte contre la haine en ligne.
Et depuis son rachat par M. Musk, les accusations liées au manque de modération du réseau social se sont multipliées. Selon le régulateur australien, le nouveau propriétaire du réseau a licencié quelque 1.200 personnes chargées de modérer les contenus.
Dans le cas de Magali Berdah, le réseau social est notamment accusé par la plaignante d'avoir fait fi des alertes adressées sur la plateforme de modération ou des mises en demeure formulées par ses avocats, selon la source proche du dossier.