Pour les uns, c’est grâce aux fonctionnaires que la France est un pays où il fait bon vivre. Pour les autres, ils nous mènent à notre perte à force de bureaucratie, de paresse et de privilèges. Et si on arrêtait de voir les fonctionnaires comme un remède à tout et qu’on apprenait à s’administrer la bonne dose d’administration ? Comme le dit Elisabeth Lévy en présentant notre dossier : « Pour reformer en profondeur la machinerie qui gouverne la France, il faudrait commencer par débureaucratiser les esprits. Et pas seulement ceux des fonctionnaires. » Un des problèmes fondamentaux, selon Pierre Vermeren, c’est que l’État perd à la fois ses meilleurs serviteurs et son autorité. Mal payés (profs, médecins) ou parce qu’ils cèdent aux sirènes du privé (haute fonction publique), les fonctionnaires qui le peuvent quittent le navire, affaiblissant la culture du service public, le sens de l’État et celui de l’intérêt général. Certes, dans les hautes sphères administratives, tout le monde est convaincu que le millefeuille territorial et la fonction publique qui va avec nous coûtent un pognon de dingue. Cependant, comme le montre une enquête de Gil Mihaely, les élus locaux ont de solides arguments pour résister aux coups de laminoir envisagés à Paris. Et les fonctionnaires ont des défenseurs, comme Henri Guaino. Dans une tribune, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy s’érige contre les caricatures qui font porter le chapeau de la dette et de l’inertie françaises aux seuls agents publics. Causeur a invité Benjamin Amar, enseignant et porte-parole de la CGT du Val-de-Marne, à réfuter les critiques dont les fonctionnaires font l’objet, ce qu’il fait en dénonçant une charge libérale, voire « réactionnaire », fondée sur des éléments biaisés et caricaturaux, alors que dans bien des domaines, le service public est plus efficace que la gestion privée.
En revanche, pour Benoît Perrin, directeur de Contribuables Associés, la véritable armée de fonctionnaires entretenue par le contribuable comporte de nombreux bataillons inutiles. Les politiques de décentralisation et le statut intouchable de ces employés ne cessent d’ajouter des couches à un millefeuille administratif déjà hypertrophié. Au détriment de la qualité du service public. Prenons le cas de la capitale que notre rédac’chef culture, Jonathan Siksou, connaît comme pas un. La mairie de Paris est tellement généreuse, avec l’argent des Parisiens, qu’elle ignore le nombre exact de fonctionnaires qu’elle entretient, et continue, chaque année, d’embaucher de nouvelles légions. Pour Stéphane Germain, la fonction publique n’acceptera jamais la réduction de ses effectifs. Protégé par la double barrière du corporatisme et du clientélisme, ce mammouth indifférent à l’intérêt général continue de s’empiffrer. Le dégraisser est une chimère, seul son équarrissement pourrait nous sauver. Enfin, Chloé Morin, l’ancienne directrice de la Fondation Jean Jaurès, se confiant à Jean-Baptiste Roques, maintient que c’est en déployant davantage de fonctionnaires sur le terrain et en réduisant la bureaucratie qu’on améliorera la qualité des services publics. Il faut surtout en finir avec une caste : la noblesse d’État qui gouverne l’administration.
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Dans son éditorial du mois, Elisabeth Lévy commente les résultats de la méga-enquête Inserm/ANRS sur les « sexualités » en France, résultats qui font la joie des médias de gauche en montrant apparemment que les Français baisent correct : inclusif, égalitaire, sans tabous, sans culpabilité. Il semble que les Français fassent moins l’amour, cette réticence étant plus développée chez les femmes, et que la pénétration ait perdu son rôle primordial dans la jouissance. On serait également de moins en moins hétérosexuel, notamment chez les femmes. « Autrement dit, le lavage de cerveau néoféministe a convaincu ces demoiselles qu’en tout homme sommeille un violeur ». Cette réaction apparente contre les normes traditionnelles de la sexualité n’a eu pour conséquence que de créer une nouvelle doxa conformiste qui dénigre les rapports érotiques entre partenaires consentants : « La libération sexuelle sera pleinement réalisée quand on pourra se passer non seulement de l’autre sexe, mais de l’autre tout court. » Boualem Sansal est aujourd’hui l’otage d’un régime qui profite de nos lâchetés. Son ami Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue Politique et parlementaire et professeur associé à l’université Paris-Sorbonne, nous exhorte tous à le soutenir car c’est à la fois un devoir moral et une nécessité vitale. Dans sa chronique, Emmanuelle Ménard passe en revue la colère des agriculteurs et des viticulteurs, les menaces de grèves à la SNCF pour les prochaines vacances, le budget en sursis et la motion de censure du gouvernement en perspective, pour conclure que c’est l’esprit de Noël made in France !
Boris Johnson était de passage à Paris à l’occasion de la publication de ses mémoires. L’ancien Premier ministre britannique a reçu Causeur pour évoquer le Brexit, la politique migratoire de ses successeurs et l’importance de la culture classique pour notre identité européenne. Sans oublier ses relations avec Emmanuel Macron et la sagesse de la reine Elizabeth… L’élection de Donald Trump représente-t-elle une aberration dans l’histoire des États-Unis ou constitue-t-elle un tournant politique majeur ? Pour John Gizzi, le correspondant permanent de la chaîne d’information continue Newsmax à la Maison-Blanche, cet événement décoiffant est d’abord la marque d’un pays pragmatique. Qui est responsable de la perte d’influence de la France au sein de l’Union européenne ? La France elle-même, selon Noëlle Lenoir, ancienne ministre chargée des Affaires européennes. Vu depuis Paris, Bruxelles n’est qu’un lot de consolation pour politiques en mal de circonscription, et nos députés brillent par leur absentéisme. Quant à nos fonctionnaires qualifiés, ils sont négligés, et ne sont donc pas promus.
Deux ans après avoir quitté le gouvernement, Jean-Michel Blanquer publie un livre pour défendre son bilan à l’Éducation nationale et répondre aux attaques contre sa réforme du bac. Dans une discussion avec Barbara Lefebvre animée par Jean-Baptiste Roques, il dénonce aussi le « machiavélisme à la petite semaine » d’Emmanuel Macron… Estelle Farjot et Léonie Trebor nous parlent du cas d’Elias d’Imzalène, ce militant islamiste qui a appelé à l’intifada dans les rues de Paris devant le gratin LFI, et qui a tranquillement récidivé face à l’OSCE, cénacle censé œuvrer à la sécurité en Europe. Quel est le bilan de Javier Milei, élu à la tête de l’Argentine il y a un an ? Pour Charles Gave, auteur du bestseller Cessez de vous faire avoir et actionnaire de Causeur, l’ancien professeur d’économie a appliqué méthodiquement son programme ultra-libéral. Résultat : l’inflation s’est effondrée, les loyers ont baissé, la monnaie s’est renforcée et le budget est aujourd’hui excédentaire.
A lire aussi, Elisabeth Lévy: In gode we trust
Nos pages culture s’ouvrent sur un grand événement éditorial : la publication d’un épais volume de textes et d’entretiens d’Alain Finkielkraut dans la collection Bouquins. Selon Claude Habib, ces écrits démontrent la sûreté et la précocité de son jugement politique, ainsi que sa capacité à se frotter à ses contradicteurs. Le défenseur de l’identité et de la nation se double d’un grand styliste, et d’un ami véritable. La même auteure se confie à Céline Pina à propos de son propre livre, Le privé n’est pas politique, où elle dénonce la volonté des néoféministes de faire du foyer l’arène du combat entre l’homme forcément bourreau et la femme évidemment victime.
Georgia Ray nous raconte l’exposition « Figures du fou », actuellement au Louvre, qui constitue une remarquable réunion d’œuvres et d’objets retraçant cette physionomie de la déraison qui, profane ou religieuse, est un miroir tendu vers chacun. Leurs mines sont peut-être moins grotesques qu’au Moyen Âge, mais les fous et autres bouffons sont toujours parmi nous. De son côté, c’est de Notre-Dame ressuscitée que nous parle Pierre Lamalattie. Plus de cinq ans après son incendie, la cathédrale a rouvert ses portes début décembre. Le chantier de restauration a réveillé des savoir-faire ancestraux, révélé des trésors oubliés et relancé la querelle des anciens et des modernes. De quoi s’inquiéter, mais surtout s’émerveiller.
Driss Ghali a lu le nouveau livre de Sonia Mabrouk Et si demain tout s’inversait ? Si demain les Européens débarquaient massivement sur les côtes d’Afrique du Nord, s’adapteraient-ils aux mœurs de pays hôtes en se convertissant à l’islam ? Renieraient-ils leur identité, comme certains le font déjà dans leur propre pays ? Par esprit de sacrifice de soi, Emmanuel Tresmontant a visité les caves de Pol Roger à Épernay. Il s’agit de la plus petite des grandes maisons de champagne, mais qui cultive l’art d’assembler les cépages depuis le milieu du XIXe siècle, et a compté Winston Churchill parmi ses illustres clients.
Selon Ivan Rioufol, la révolution conservatrice est en marche. En France, les mouvements souverainistes précipitent l’enterrement du vieux monde macronien. Le gouvernement Barnier n’est pas sûr de passer l’hiver. La pensée automatique s’effondre, aspirée par le vide. C’est la revanche du réel. Enfin, Gilles-William Goldnadel ébauche un dictionnaire contemporain de la partialité médiatique et judiciaire en Occident, dictionnaire qui n’intéressera pas que les lexicologues et les philologues…
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L’article Causeur: Boucs émissaires ou privilégiés? Chers fonctionnaires… est apparu en premier sur Causeur.