Térez Montcalm, c'est avant tout une signature vocale, une voix rauque immédiatement reconnaissable, conséquence d'une malformation naturelle des cordes vocales, dont elle a fait un atout.
"Quand j’étais petite, j'avais déjà la voix rauque. Tout le monde pensait que j'étais toujours malade", déclarait-elle à l'AFP au printemps, à la sortie de son disque. "J'ai été contente que ma mère m'emmène chez le médecin pour voir ce qui clochait et l'ORL a découvert que j'avais les cordes vocales soufflantes".
Les cordes vocales soufflantes, ce sont des cordes qui se touchent à peine et ne vibrent pas normalement, ce qui lui donne sa voix éraillée au grain si particulier, rappelant celles de ses aînées Janis Joplin, Kim Carnes ou Bonnie Tyler, et qu'elle met au service de projets divers.
Chanteuse rock, chanteuse jazz, chanteuse blues, interprète de chansons françaises, chanteuse folk ? Difficile de classer l'artiste, à tel point qu'un critique français écrivit à son sujet qu'elle était "la plus rock des chanteuses de jazz".
"Ou la plus jazz des chanteuses de rock !", rétorque cette femme née en 1963, que l'on avait laissée brune aux cheveux longs au moment de son précédent disque, en 2015, et qui affiche désormais une chevelure grise.
"Pas empêchée"
"Je ne me suis pas empêchée, je ne me suis pas calée à un style ou à une étiquette. J'ai chanté tout ce que j'avais envie de chanter, toute ma vie", assure-t-elle avec son accent québécois.
"Tous mes albums sonnent différent", rappelle cette musicienne, qui pratique régulièrement la course à pied et le karaté -- elle est ceinture noire --, dans une salle spécialement aménagée dans sa maison à Montréal.
Cette Canadienne à la double culture, anglophone par son père et francophone par sa mère, peut passer allègrement d'un album de reprises de tubes pop (Eurythmics, Elton John...) ou de crooners à un hommage à la chanteuse de jazz Shirley Horn.
Son avant-dernier disque, "Quand on s'aime", était, lui, entièrement interprété en français. Car au-delà de ses choix artistiques forts, Térez Montcalm aime s'emparer de classiques de la chanson française, pour en faire quelque chose de surprenant.
Dans quasiment tous ses disques, elle propose au moins un exercice de ce style. "Step Out", aux arrangements soyeux, recèle encore trois de ces titres, qu'elle transfigure et qui intriguent.
Sa voix étranglée donne ainsi de la profondeur et apporte un supplément d'âme à "T'en vas pas comme ça", au départ une bluette interprétée dans les années 1960 par Nancy Holloway. Et "J'attendrai", une chanson survitaminée de Claude François, devient une balade aux accents déchirants.
"Souvent, j'essaie de chanter des chansons qui n'ont pas été interprétées par quelqu'un d'autre depuis longtemps", dit-elle. "Puis je m’organise pour les faire à ma façon, comme si c'était moi qui les avait écrites".
Ainsi, pour "+T'en vas pas comme ça+", a-t-elle changé le tempo et, pour +J'attendrai+, fait en sorte de lui donner une touche plus intimiste et langoureuse, "à la Barry White", détaille-t-elle.
Des petites astuces qui font toute sa différence.