Le texte, qui a obtenu le feu vert des deux chambres du parlement et un soutien des principaux partis, devrait obliger prochainement ces plateformes à prendre "des mesures raisonnables" pour empêcher ces adolescents d'avoir un compte.
En cas de non-respect de cette obligation, des amendes pouvant aller jusqu'à 50 millions de dollars australiens (30,7 millions d'euros) s'appliqueront.
Le texte, dénoncé comme "précipité", "flou" et "problématique" par plusieurs plateformes, a obtenu le feu vert du Sénat australien jeudi, par 34 voix pour et 19 contre, après celui de la Chambre basse australienne la veille, et son entrée en vigueur ne fait guère de doute.
Avant le vote, il a accusé les réseaux sociaux d'être "une plateforme favorisant la pression sociale, un source d'anxiété, un canal pour les escrocs et, pire que tout, un outil pour les prédateurs en ligne" et souhaité que les jeunes Australiens "lâchent leurs téléphones et se retrouvent plutôt sur les terrains de foot, de cricket, de tennis, de volley ou à la piscine".
La loi ne rendra pas "les réseaux sociaux plus sûrs pour la jeunesse", a estimé au contraire une élue écologiste australienne Sarah Hanson-Young lors du débat au Sénat, qui s'est dit "dévastée" de voir les jeunes "drogués à ces dangereux algorithmes".
"Je trouverai un moyen"
De jeunes australiens disent déjà leur intention de contourner cette interdiction. "Je trouverai un moyen, et mes amis feront pareil", a confié à l'AFP Angus Lydom, 12 ans, qui souhaite continuer à être sur les réseaux soxiaux : "Ce serait bizarre de ne pas les avoir et de ne pas pouvoir parler à mes amis quand je suis à la maison", dit-il.
De même pour Elsie Arkinstall, 11 ans, pour qui les réseaux sociaux ont toute leur place, même pour les enfants, pour regarder par exemple des tutoriels de pâtisserie ou d'art. "On ne peut pas apprendre tout ça dans les livres", dit-elle.
Sur le papier, l'interdiction australienne est l'une des plus strictes du monde.
Mais le texte ne fournit quasiment aucun détail sur ses modalités d'application, si bien que certains experts ont exprimé des doutes sur la faisabilité technique de cette interdiction et se demandent s'il ne s'agit pas d'un texte à la portée symbolique mais inapplicable.
Il faudra compter au moins un an avant que la loi n'entre en vigueur, le temps pour les régulateurs australiens d'éclaircir les détails relatifs à son application.
Certaines plateformes comme WhatsApp et Youtube, dont les adolescents ont besoin pour faire leurs devoirs, devraient par ailleurs être exemptées.
Des amendements ont été apportés au texte pour empêcher que les utilisateurs ne doivent produire leur carte d'identité pour attester de leur âge.
Des programmes enseignant aux enfants à réfléchir "de manière critique" à ce qu’ils voient en ligne devraient être adoptés, à l’instar de la Finlande, a indiqué à l'AFP Susan Grantham, experte en réseaux sociaux.
L'entrée en vigueur de cette nouvelle législation sera suivie de près à l'étranger, plusieurs pays envisageant également de mettre en œuvre des restrictions similaires, comme l'Espagne.
Dans l'Etat américain de Floride, une loi doit entrer en vigueur en janvier pour interdire l'ouverture d'un compte aux moins de 14 ans mais les modalités pratiques n'ont pas été fixées.
La Chine restreint l'accès pour les mineurs depuis 2021 et exige l'identification via un document d'identité. Les moins de 14 ans ne peuvent passer plus de 40 minutes par jour sur Douyin, la version chinoise de TikTok, et le temps de jeu en ligne des enfants et adolescents est limité.