«La Pologne n'acceptera pas l'accord de libre-échange avec les pays d'Amérique du Sud, c'est-à-dire le bloc Mercosur, sous cette forme».
En amont d’une réunion ministérielle le 26 novembre, le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré aux journalistes présents qu’il s’opposait au traité entre l’Union Européenne (UE) et le Mercosur, le Marché commun du sud composé de l’Argentine, du Brésil, de la Bolivie, du Paraguay et de l’Uruguay.
Le ministre polonais de l’Agriculture Czeslaw Siekierski a confirmé ce 27 novembre cette position à la radio polonaise Jedynka. «Nous craignons que la Commission puisse séparer la partie commerciale de l'accord global et l'adopter seule», a-t-il affirmé.
Minister @CzSiekierski w programie #SygnałyDnia na antenie @RadiowaJedynka: Jest obawa, że Komisja mogłaby wydzielić część handlową z ogólnej umowy i przyjąć ją samodzielnie. ⚠️
— Ministerstwo Rolnictwa i Rozwoju Wsi (@MRiRW_GOV_PL) November 27, 2024
To byłoby naruszenie zasad demokracji w Unii, bo państwa członkowskie straciłyby wpływ na takie…
Le ministre polonais a fait valoir une rencontre avec son homologue français, le 22 novembre, et a estimé pouvoir «créer un groupe de pays qui bloqueront ce processus».
Alors que la France, première puissance agricole de l’UE, semblait isolée dans son rejet de l’accord, le refus du texte par la Pologne ouvre la brèche vers une minorité de blocage.
Pour cela il faut que quatre États membres, représentant plus de 35% de la population des Vingt-Sept, s’opposent à cette législation. Aux 38 millions d’habitants que compte la Pologne pourraient s’ajouter les 59 millions environ que compte l’Italie.
En effet, si Rome ne s’est pas officiellement positionné contre l’accord UE-Mercosur, son ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida s’est prononcé contre le 18 novembre, estimant que les agriculteurs du Mercosur devaient être soumis aux mêmes «obligations» que ceux de l'UE.
D'autres gouvernements européens, notamment celui de l'Autriche, s'inquiètent également des conséquences que cet accord de libre échange pourrait avoir sur leur secteur agricole. S'ils se ralliaient à la France et à la Pologne, l’accord avec le Mercosur pourrait être remis en cause, alors qu'à Paris les parlementaires ont fait savoir leur hostilité au texte.
Ce 27 novembre, les députés ont rejeté à 484 voix contre seulement 70 l’accord de libre-échange, lors d’un scrutin sans portée législative mais qui témoigne selon la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet d’un «consensus clair» contre l'accord.
Aujourd’hui, l’Assemblée nationale a affirmé un consensus clair : l’accord UE-Mercosur, en l’état, ne répond pas aux exigences de la France. Défendre nos agriculteurs, c’est protéger nos territoires, notre alimentation et notre avenir. C’est l’engagement que nous portons,… pic.twitter.com/9U9qnnXzlE
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) November 26, 2024
Sa signature, entre la Commission européenne et les pays sud-américains, pourrait intervenir lors du sommet du Mercosur, entre le 5 et le 7 décembre. Il reste, d’ici là, une semaine aux pays opposés au traité pour faire entendre leur voix.