La question "est de savoir si le gouvernement espagnol a assumé (ses) responsabilités et la réponse est +oui+. Il l'a fait dès le début, et continuera à le faire aussi longtemps que nécessaire", a assuré M. Sánchez, venu rendre compte devant les députés espagnols de sa gestion de la tragédie.
L'exécutif a fait "ce qu'il devait faire" face à cette catastrophe, a insisté le dirigeant socialiste, accusant l'opposition de "polariser" l'opinion, "de susciter le découragement et d'alimenter la méfiance à l'égard des institutions" depuis la tragédie.
Le gouvernement et l'exécutif régional de Valence, dirigé par le Parti populaire (PP, droite), ne cessent de se rejeter la responsabilité des ratés de la gestion des inondations du 29 octobre, qui ont fait au moins 229 morts, en très grande majorité dans la région de Valence.
Ces accusations ont tendu un peu plus le climat politique espagnol, déjà délétère.
En Espagne, pays très décentralisé, la gestion des catastrophes relève en effet de la responsabilité des régions. Mais le gouvernement central, chargé d'émettre les alertes via l'Agence météorologique nationale (Aemet), peut fournir des ressources et prendre la main dans des cas extrêmes.
"Semer la discorde"
Appelé à s'expliquer mi-novembre sur sa gestion de la catastrophe, le président conservateur de la région de Valence Carlos Mazón, très critiqué par les sinistrés pour sa gestion jugée chaotique de la tragédie, avait reconnu des "erreurs" et présenté ses "excuses" aux habitants.
Mais il avait également critiqué les services de l'État central, et notamment l'Agence météorologique nationale, affirmant que cette dernière avait déclenché "à 36 reprises" l'alerte rouge au cours des dix dernières années, "sans qu'aucune d'entre elles ne soit suivie d'inondations brutales".
"Je demande que l'on n'induise pas les gens en erreur: si vous voulez trouver des coupables, cherchez-les, faites-le, mais ne pointez pas du doigt les services publics qui ont fait leur devoir", a répliqué mercredi M. Sánchez, réfutant toute faille du côté des agences de l'Etat.
Evoquant la responsabilité du gouvernement de Valence, il a estimé qu'il n'y avait pas eu de défaillance du "système", mais que "certaines personnes très haut placées" n'avaient pas "assumé leurs responsabilités" ou les avaient "tout simplement ignorées".
"Savoir qui sont ces personnes est simple, à mon avis, car ce sont les mêmes qui commettent à nouveau des erreurs et sont occupées à semer la discorde alors qu'elles devraient se concentrer" sur la reconstruction, a-t-il insisté, dans une référence implicite à M. Mazón.
Ces piques ont suscité l'ire du chef de file du PP, Alberto Nunez Feijoó, qui a fustigé mercredi l'attitude de Pedro Sánchez: "vous devriez être le premier à vous excuser, mais ce que vous êtes venu dire, c'est que tout avait été bien fait".
16,6 milliards d'euros d'aides
Face aux députés, le Premier ministre s'est dit "totalement ouvert" à la création d'une commission d'enquête au sein du Congrès des députés sur les inondations, tout en estimant que ce n'était "pas encore le moment" pour mettre en place une telle commission.
"Si nous voulons que cette réflexion collective soit utile, elle ne peut pas être hâtive", a-t-il expliqué, en assurant que cette démarche n'était actuellement pas la "priorité".
Les inondations de fin octobre, les plus graves depuis plusieurs décennies en Espagne, ont entraîné des dégâts faramineux et mis à terre de nombreuses entreprises, provoquant la colère dans la région de Valence, où une nouvelle manifestation est prévue samedi.
Face à cette situation, Pedro Sánchez a annoncé mercredi un troisième paquet d'aides de près de 2,3 milliards d'euros, comprenant 60 mesures destinées à "accélérer le retour à la normale et le rétablissement des zones endommagées".
Cette enveloppe, qui sera approuvée jeudi en Conseil des ministres, porte à 16,6 milliards d'euros le montant global des aides mises à disposition des régions affectées par le gouvernement central, selon l'exécutif.