«Nous serons à leurs côtés pour mettre la pression!» a lancé sur X, ce 20 novembre, l’eurodéputée de la France Insoumise (LFI) Manon Aubry, relayant l'extrait d'une intervention sur le plateau de BFMTV où elle a affiché son soutien aux agriculteurs, évoquant un dialogue qu’elle aurait eu avec un représentant de la Commission européenne.
Vous savez ce que m'a dit un représentant de la Commission ???????? sur l'accord UE-#Mercosur ?
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) November 20, 2024
"La signature de l'accord est imminente mais seule une immense mobilisation des agriculteurs pourrait changer les plans".
Alors chiche ? Nous serons à leurs côtés pour mettre la pression ! pic.twitter.com/8zGCoPTXO1
Depuis plusieurs jours, les agriculteurs ont repris leur mobilisation à travers la France. Dans leur ligne de mire : la possible signature d'un accord de libre échange entre l’Union Européenne (UE) et le Marché commun du Sud (Mercosur), à savoir l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.
Alors qu'une grande partie de la classe politique française déclare soutenir la cause agricole, des membres de l’exécutif redoutent que les blocages des agriculteurs ne s'inscrivent dans la durée.
«La ministre de l'Agriculture dit que nous sommes des casseurs» a affirmé ce 20 novembre, aux caméras de BFMTV, un membre de la Coordination Rurale sur un barrage routier. En expliquant que ces propos, qui auraient été prononcés «ce matin» et qui lui ont été rapportés, ont «relancé [...] la hargne des manifestants».
Invitée sur le plateau d'une matinale de la télévision publique, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a estimé que «bloquer le pays ce n’est pas acceptable», tout en vantant les mesures prises par l’exécutif depuis plusieurs mois. Celle-ci a par ailleurs mis en garde les agriculteurs contre une possible «dissipation» de la sympathie des Français à leur égard «si demain, à la vielle de Noël, certains empêchent les Français de préparer les fêtes de Noël, les artisans de travailler, de faire ce qu’ils ont à faire».
Les Français ont de la sympathie pour les agriculteurs.
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) November 20, 2024
Ils comprennent leurs difficultés auxquelles j’ai répondu depuis ma prise de fonction.
????@telematin ⤵️ pic.twitter.com/VghYb6Ld73
Partout en France des points de blocage et des manifestations ont cours. Ainsi la frontière franco-espagnole a-t-elle été partiellement fermée par les manifestants le 20 novembre au matin et la Coordination Rurale a prévu des blocages de centrales d’achats dans plusieurs départements.
La frontière espagnole bloquée par la #coordinationrurale . Non au #mercosur oui au contrôles sur les importations déloyales et non conformes. Coordination Rurale : le #voteutilepic.twitter.com/j0wKJvihMO
— Coordination Rurale (@coordinationrur) November 20, 2024
Du côté de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), on assure également maintenir la pression. Le président de la centrale Arnaud Rousseau a ainsi déclaré : «ce qu'on a obtenu au printemps ne va pas assez loin. Il nous reste 2/3 des engagements à obtenir et on ne compte pas baisser la garde».
Le chef d’entreprise a annoncé de nouvelles actions les 26, 27 et 28 novembre alors que la Coordination Rurale semble être plus mobilisée sur le terrain et qu’elle n’hésite pas à critiquer la direction de la FNSEA qu’elle accuse de «tromper [ses] adhérents».
Le 19 novembre, le Premier ministre Michel Barnier avait tenté de calmer le jeu en faisant valoir sa volonté de «faire une déclaration à l’Assemblée nationale suivie d’un débat et d’un vote sur ce projet d’accord».
J’entends la colère, les tensions, l’incompréhension des agriculteurs sur le projet d’accord UE-Mercosur. La France y est fermement opposée.
— Michel Barnier (@MichelBarnier) November 19, 2024
C’est pourquoi, dans le cadre des dispositions de l’article 50-1 de notre Constitution, j’ai décidé, après consultation des présidents de… pic.twitter.com/0dlrUxpBgZ
Deux jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait affirmé sur les ondes de RTL qu’en cas de «blocage durable, ce sera tolérance zéro».
Conscient de l’opposition d'une grande partie de la classe politique à ce projet d’accord de libre-échange, jusque dans les rangs macronistes, à l’image de la députée Sandrine Le Fur du parti Renaissance, le gouvernement se sait observé dans cette séquence de contestation.