«VyV sème la terreur, MGEN récolte la colère. » Tel était l’un des slogans inscrit sur une banderole ce mardi à l’occasion de la grève d’une partie des salariés du Centre médical national de Sainte-Feyre. Jusqu’alors détenu par la MGEN, l’établissement creusois, comme les 35 autres du groupe, doit prochainement appartenir au groupe mutualiste VyV. Une cession prévue au 1er juillet 2026 pour le CMN et qui, pour l’instant, ne passe pas auprès des salariés, tant leurs acquis sociaux pourraient s’en trouver affectés. Et in fine, l’attractivité de l’établissement tout autant.
Des acquis sociaux menacésÀ l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, UNSA), 130 salariés du CMN de Sainte-Feyre se sont déclarés grévistes ce mardi en milieu de journée, participant à un mouvement national de contestation dans tous les établissements de la MGEN. « Aujourd’hui, il y a deux points de blocage pour nous, explique Bruno Dalby, délégué syndical de la CFDT au CMN. Le fait que l’on changerait de convention collective passant d’une convention collective hospitalière à une convention ANEM (Association nationale des employeurs de la mutualité) qui nous ferait perdre nos accords d’entreprise. Le deuxième point, c’est le fait qu’il n’y aurait plus de représentativité des instances pendant un moment. » En effet, à partir de la cession des établissements MGEN, les instances syndicales n’auraient plus de représentativité jusqu’aux prochaines élections, soit en 2027.
Bruno Dalby de la CFDT a rappelé les risques liés à la cession du CMN au groupe VyV.
Concrètement, cette cession pourrait avoir des conséquences directes sur les avantages sociaux des salariés comme les chèques vacances, les RTT, les astreintes qui ne seraient plus rémunérées de la même manière, etc. « Même si on reste avec notre convention collective actuelle, les accords tomberaient quand même, déplore Sylvain Vigier, délégué syndical de l’UNSA. Il ne faut pas oublier que la MGEN, c’est soixante ans de négociations sociales. »
Autre point d’inquiétude partagé par les nombreux manifestants ce mardi, le comité d’entreprise qui se trouverait grandement affecté. « On va passer d’un CSE national à un CSE régional alors que le budget est calculé en fonction de la masse salariale, détaille, Sylvain Vigier. Ça voudrait dire que l’argent dédié à notre CSE serait divisé par deux », résume-t-il.
Autant de craintes qui pourront, à terme, directement nuire à l’attractivité de l’établissement. « Il y a déjà eu beaucoup de départs d’infirmiers ces derniers temps, souligne Mathilde Rey, infirmière au sein du service pneumologie. Le risque c’est qu’il y ait des services qui ferment. » Puis au docteur Philippe Slaouti d’ajouter : « Au bout de tout ça, c’est le patient qui va être impacté. Si on dégrade encore plus les conditions salariales, on va avoir encore plus de mal à recruter des soignants en Creuse. »
Les 35 établissements de la MGEN étaient en grève.
Vers une fuite des effectifs ?Une potentielle fuite des soignants que le maire de la commune, Franck Rejaud, ne peut imaginer. « On connaît les difficultés de la Creuse à attirer de nouveaux médecins et de nouveaux soignants. Le CMN est un établissement de proximité et qui est réputé. On ne peut pas se permettre de rajouter des difficultés. »Parmi les quelque 150 manifestants rassemblés ce mardi devant le CMN, plusieurs patients, eux aussi inquiets quant à une potentielle remise en question de la qualité des soins. « Ici, il y a un accompagnement qui est très important, remarque Marie-France, actuellement hospitalisée dans le service rééducation fonctionnelle. En faisant des économies, le risque, c’est qu’il y ait des services qui puissent fermer d’autant que celui où je suis est assez rare », s’inquiète-t-elle.
Les négociations nationales entre les syndicats, le groupe MGEN et VyV doivent prendre fin le 13 décembre 2024.
Cession du centre médical de Sainte-Feyre : les syndicats craignent une fuite des effectifs
Vincent Faure
Photos Bruno Barlier
