Depuis quelques années, les viticulteurs de Riom et des environs replantent des vignes à un rythme soutenu. Des terrains en friche sont travaillés pour être rendus à la vigne. L’appellation madargue, qui ne couvre qu’une douzaine d’hectares, uniquement sur la commune de Riom, est porteuse. Elle a le vent en poupe. Ce côtes-d’auvergne est produit sur les coteaux argilo-calcaires entre Riom et Châtel-Guyon. Et il connaît ces dernières années un essor qui est une véritable renaissance.
Cette volonté de développement rejoint l’initiative de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme qui, à l’échelle du département, a lancé une vaste étude de cartographie pour avoir une connaissance plus fine des terrains viticoles de l’AOC côte-d’auvergne et de l’IGP Puy-de-Dôme.
Une histoire vigneronne à retrouverÀ ce jour, les communes de Riom Limagne et Volcans ne comptent que 25 hectares de vigne, dont 15 hectares sur la seule ville de Riom. Pourtant, le terrain est propice à la culture de la vigne. En témoignent les cartes postales de la Belle époque, qui montrent une campagne largement plantée de vigne sur échalas, ou même l’architecture de bourgs comme Enval et Châtel-Guyon, qui compte de nombreuses maisons dites « vigneronnes ».
Riom Limagne et Volcans, la communauté d’agglomération de Riom et onze communes de ce territoire ont donc répondu à l’appel de la fédération viticole en finançant quelque 1.300 sondages. Cette campagne est en cours. Elle sera complétée par l’ouverture de fosses pédologiques pour une analyse plus détaillée du sol, permettant également d’observer comment les racines se développent dans la profondeur.
Orienter les choix sur les terres et les cépagesCertains terrains qui ne portent plus de vigne depuis une centaine d’années, ont été sondés. Des parcelles aux caractéristiques prometteuses ont ainsi pu être identifiées, entre Saint-Don (Riom) et Bassignat (Enval).
« L’objectif, c’est de reconquérir toutes les friches dans le croissant ouest et nord autour de Riom, qui auparavant était en vigne. Cela nous permettrait d’installer quelques vignerons », explique ,
Ce travail de cartographie permet de réfléchir sur un autre point encore. Ces connaissances permettront de faire des choix plus précis pour l’avenir. Ils permettront d’orienter les viticulteurs pour le choix des cépages à planter en prenant en compte le réchauffement climatique. « Une exposition au sud pour du chardonnay ou du pinot noir, peut-être aussi pour le gamay, ça devient problématique », fait remarquer Pierre Goigoux, viticulteur à Châteaugay.
Damas noir et épinou plus que gamayLa Fédération viticole du Puy-de-Dôme, forte des études menées dans son conservatoire à Cournon-d’Auvergne, envisage désormais le recours à d’autres cépages plus adaptés aux changements à venir, comme le damas noir semble l’être. L’épinou, ancien cépage présent en Auvergne, présente également de bons résultats, étant moins sensible à la sécheresse et moins alcooleux que le gamay par exemple.
vendanges dans les vignes de Lisa LE POSTEC, aulhat flat le 28/09/2024, photo Thierry Lindauer
Il va sans dire que le paysage viticole du Puy-de-Dôme est donc susceptible d’évoluer après ce travail. Dans un contexte de tension sur l’accès au foncier pour les agriculteurs, la Fédération viticole du Puy-de-Dôme espère trouver là des arguments pour privilégier les installations viticoles dans les zones à fort potentiel. Par le biais d’un travail de médiation, par exemple, Denis Imbert, de RLV, imagine la possibilité d’échanges de terrains pour permettre aux agriculteurs de constituer des « îlots » plus pertinents pour la viticulture.
La démarche peut aller plus loin encore : « Si la cartographie apporte de très bons résultats sur les communes concernées, on ne s’interdit pas de suggérer à l’Inao de bouger les lignes de la cartographie des appellations », souligne Gilles Vidal, le président de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme.
Jean-Baptiste Ledys