En Tunisie, la Direction générale de la sécurité nationale a annoncé le 1er novembre le placement en détention de trois individus accusés d'avoir reçu des fonds étrangers, via des transferts financiers internationaux, afin de faciliter le passage de clandestins. Les trois individus en question ont été arrêtés dans la ville côtière de Sfax.
Dans son communiqué, la Direction générale de la sécurité nationale a précisé que l’enquête avait été confiée au Pôle régional des enquêtes économiques et financières, relevant de la direction de la police judiciaire.
Les autorités tunisiennes suspectent non seulement que ce financement étranger soit dédié à faciliter la migration irrégulière, mais également à la traite des personnes victimes des réseaux organisés exploitant la vulnérabilité des candidats à l'immigration.
Ces interpellations font suite à un rapport de la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) signalant des transferts financiers suspects d’environ 14 802 dinars tunisiens (4 760 euros) reçus par un citoyen tunisien sur une période de quatre mois (de mars à juin 2024), en provenance de pays africains via des services de transfert d’argent tels que MoneyGram ou encore Western Union.
Les investigations ont également révélé que l’entreprise pour laquelle travaille cette personne avait reçu près de 530 000 dinars tunisiens (159 500 euros) via des transferts similaires en 2023 et 2024, et ce, sans avoir effectué les déclarations fiscales nécessaires ni fourni de documents justifiant l'utilisation de ces fonds.
Selon les témoignages des employés rapportés dans le même communiqué officiel, ces montants ont été dépensés en espèces pour dissimuler les revenus réels aux autorités fiscales.
En conséquence, trois employés de l'entreprise ont été placés en détention pour leur responsabilité financière tandis qu'un mandat de recherche a été émis contre le représentant légal de l'entreprise en question. De plus, un ordinateur appartenant à la société, utilisé pour la comptabilité des transactions financières via des transferts internationaux, a également été saisi, a fait savoir le parquet de Sfax.
Dans le même contexte, le président Kaïs Saïed a souligné le 17 septembre dernier, lors d'une rencontre avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Fethi Zouhair Nouri, l'importance cruciale de la Commission tunisienne de l'analyse financière. Le locataire de Carthage a mis en avant «les enjeux liés aux sommes considérables reçues de l'étranger par plusieurs associations suspectées de redistribuer ces fonds à des fins douteuses.»
Un communiqué, émis par la présidence, avait fait part d'exemples concrets afin d'illustrer ce phénomène. Il a été ainsi révélé qu'une association avait reçu près de 9 579 908 dinars tunisiens (environ 3,1 millions d'euros), tandis qu'une autre avait perçu 255 512 dinars (environ 83 000 euros).
Ces montants soulèvent des questions sur la transparence et l'utilisation des fonds par ces organisations. Le président Saïed a par ailleurs appelé à une vigilance accrue et à une régulation plus stricte afin de garantir que ces financements ne soient pas détournés à des fins illégales ou contraires à l'intérêt national, d'après le même communiqué.