« C’est de plus en plus difficile pour les artisans de se garer en centre-ville. J’ai donc choisi le vélo pour me déplacer », explique Alain Morelon. Ce personnage original ne passe pas inaperçu. Partout où il passe, les gens l’interpellent, récupèrent ses coordonnées, l’interrogent.
Star du dernier Salon de l’habitat, il voit chaque jour son agenda se remplir. Originaire de Limoges, cet artisan maîtrise l’art du faire savoir. Son DUT en technique de communication a laissé des traces. Photographe au départ, il a ensuite suivi une formation de plombier à l’AFPA.
Engagé à la sortie par une grosse entreprise de dépannage et d’entretien des chaudières, Alain Morelon ne prenait plus plaisir à piloter sa voiture. « Surtout en centre-ville où ça devient infernal pour les artisans », explique-t-il. Ce projet, trotte dans sa tête depuis deux ans. Et au mois de juillet, il a donné le premier coup de pédale.
50 km par semaine
« J’ai fait l’acquisition d’un vélo électrique équipé d’une caisse. Tous mes déplacements sont programmés. Je ne prends que ce dont j’ai besoin pour la journée. L’idéal serait d’effectuer cinq interventions par jour. Mais je réserve un créneau pour les urgences » précise-t-il.
L’hyper centre-ville de Limoges reste son principal champ d’action. Mais il lui arrive de sortir de ce périmètre. « Je parcours 20 km par jour, soit 500 km par semaine », dit-il, amusé.
Les intempéries ne le dérangent pas. Il a très bien vécu les coups de chaud cet été, les froids qui arrivent ne l’effraient pas.
Un fort sentiment de liberté« Je n’ai pas peur de l’hiver. Mon sentiment de liberté me donne des forces » confie-t-il. Certes, Alain Morelon ne transporte pas sur son porte-bagage les chaudières et les chauffe-eau. Pour ces gros travaux, il collabore avec la société Confor’Tech. Ils me recommandent pour certains travaux et, de mon côté, je leur envoie des clients.
Les frais de déplacement étant réduits, Alain Morelon facture moins cher ses dépannages.
« Je suis l’un des plus compétitifs » affirme-t-il. Bien évidemment, il ne part pas à la légère. Il n’hésite pas à se rallonger pour contourner une grosse côte.
Car le vélo est très lourd et pas très maniable. Au début, il a mis du temps, avant de maîtriser ce vélo atelier qui est tout sauf léger. Dans la caisse située sous le guidon, il y a l’essentiel.
La boîte à outils bien sûr, l’escabeau, les joints pour les fuites. Et même une plaque amovible qui lui sert de bureau pour rédiger les factures. Il a pensé à tout. Partout où il passe, les passants lui adressent un sourire, porte sur lui un regard bienveillant, saluent cette idée qu’ils estiment lumineuse. Pour l’heure, il n’a pas l’intention de développer son entreprise.
Jean-François Julien
