La résidence services seniors Les Girandières, rue du Clos-Four à Clermont-Ferrand, promettait la sérénité à ses résidents âgés.
Avec ses appartements du studio au trois pièces soigneusement agencés avec cuisine aménagée ouverte sur le séjour, salle d’eau adaptée, connexion Wifi, balcon… Tout était mis en œuvre pour que chacun recrée son cocon et se sente chez lui, parfaitement autonome, tout en étant encadré, si besoin, avec de nombreuses prestations de service (atelier mémoire, gymnastique, activités récréatives chaque jour, accompagnement aux courses…).
Payer cher ne suffit même plus, pour être tranquilleMais depuis quelques mois, les turbulences essuyées par le groupe Réside Études Seniors, qui gère les Girandières, ont fini par inquiéter les résidents et leur famille.
Près de la moitié des résidents aurait déjà quitté les lieux, ou, s’apprêterait à le faire, comme cette dame de 97 ans, arrivée il y a trois ans.
Déménager de nouveau à mon âge, pour les quelques années qu'il me reste à vivre, ça me contrarie beaucoup. Vraiment, ça m’a mis un coup au moral. J'ai pris dix ans. Tout de même, ils ont dû bien mal gérer, car je paye assez cher (près de 2.500 € de loyer plus 500 € environ pour le repas de midi) et là où je vais, ça me coûtera bien moins.
Une pensée pour le personnelElle ne veut pourtant accabler personne, et surtout pas les cinq membres du personnel qui sont restés et « qui sont toujours aussi gentils alors que bientôt, ils n’auront peut-être plus de situation ».Le personnel reste aux petits soins en maintenant des activités, mais le cœur n’y est plus trop pour cette résidente qui va bientôt quitter les Girandières comme la plupart de ses amies.
La silver économie, un eldorado ?Ses neveux sont en revanche plus remontés contre le groupe Réside Études :
On a eu peu d’informations sur ce qui allait se passer, sur un éventuel repreneur. Fallait-il attendre ou partir?? On a vite compris que le plus sage était de trouver au plus vite un nouveau point de chute pour notre tante.
Elle va aller dans une autre résidence seniors, où elle devrait retrouver certaines de ses amies qui, elles aussi, ont pris les devants.
Déménager à cet âge est un traumatisme. On sait qu’il lui arrive de pleurer. Certaines de ses amies sont sous antidépresseurs depuis.
« Une telle situation pour des personnes de cet âge qui avaient pris le temps de choisir leur nouveau cadre de vie et pensaient être tranquilles, ça confine à de la maltraitance. Il serait temps qu’on s’inquiète de ce qui se passe dans la “silver” économie ».
De son côté, le groupe Réside Etudes rappelle que la procédure même de la liquidation judiciaire « impose la confidentialité ». « Notre personnel reste présent pour apporter les services attendus de nos résidents. Quoi qu’il se passe le 4 novembre (voir encadré) nous les accompagnerons. Personne ne sera à la rue le 5 novembre. »
Réside Études Seniors héberge 5.000 retraités et exploite 73 résidences seniors en France. Le tribunal de commerce de Paris doit se prononcer sur l’avenir du groupe Réside études qui risque la liquidation judiciaire, le 4 novembre.
Géraldine Messina
