La nuit noir charbon est tombée sur la campagne gannatoise. Un brouillard à couper au couteau de boucher épaissit l’atmosphère d’une ambiance lugubre.
Seules quelques lumières blafardes déchirent ce décor de frissons. Elles viennent du château de Saint-Priest-d’Andelot. La stature massive et séculaire de l’édifice semble adresser un sourire narquois à ce paysage trouble. Et à la soixantaine de personnes réunies là, à son pied, pour la première soirée Halloween de la commune.
Une heure pour découvrir le coupableAu menu du soir, une enquête sanglante. Etienne, le majordome, a été retrouvé mort, près de l’église, avec un peu de paille près de son cadavre, et une blessure derrière le crâne. Qui a bien pu commettre le crime ? La cuisinière colérique ? La jeune fille adoptée, qui aime fourrer son nez dans les affaires des autres ? L’herboriste, et son art des infusions plus ou moins digestes ? Le palefrenier, à l’air patibulaire ?
En tout, huit tueurs potentiels, répartis chacun dans leur univers, aux quatre coins du jardin et du château. Avec chacun un mobile, évidemment. Et plus ou moins de ressentiments envers les autres habitants du château. Dans le jardin erre également une silhouette taiseuse et sévère, Georges d’Andelot, le châtelain…
Qui est le coupable ?
Voilà pour le décor, vous avez une heure. Une petite heure pour les inspecteurs d’un soir, épaulés plus ou moins habilement par Léon Marron, autoproclamé "enquêteur spécial du Bourbonnais", et un brigadier du canton peu loquace.
Au bout des interrogatoires et de l’heure impartie, seule l’une des neuf équipes en lice est sortie vainqueur de ce Cluedo grandeur nature. Mais l’ensemble des participants a gagné une belle soirée immersive.
Une vraie réussite, portée de main de maître par une équipe de bénévoles – comédiens ou pas – totalement investis dans leurs personnages, et idéalement servie par une mise en scène soignée.
Coup de maîtreUn coup d’essai en forme de coup de maître, pour ce rendez-vous organisé sous la houlette de la municipalité de Saint-Priest-d’Andelot, bien décidée à ne pas laisser ce petit village de quelque 140 âmes se contenter d’envier les animations de sa grande voisine gannatoise.
"La commission animation a beaucoup travaillé là-dessus, se réjouit Léon Marron, ou plutôt Yoan Chaucheprat, 1er adjoint de la commune. Le château est resté fermé longtemps, et comme un jeune a fini par le racheter, ça a été le bon moment pour tenter d’organiser quelque chose. Et puis c’était l’occasion, aussi, de rassembler les membres du conseil municipal autour d’autre chose."
Le propriétaire du château abonde. Pas Georges, mais Julien Mazaye, affairé à redonner son lustre au domaine depuis 2020.
Ça permet aussi aux gens du village de se réapproprier leur patrimoine.
Sur les cendres de cette nuit lugubre, les projets devraient désormais fleurir. "On vient d’ouvrir une porte", s’enthousiasme Yoan Chaucheprat. "Le Puy du Fou n’a qu’à bien se tenir", termine en riant Julien Mazaye.
Matthieu Perrinaud