Sur le ponton en contrebas, on joue des coudes pour admirer les bateaux qui prendront bientôt le départ du dixième Vendée Globe. Julien et son fils Maé préfèrent regarder ça de loin, attablés en terrasse, vue imprenable sur le bassin de Port-Olona. Ils sont venus de Rennes pour la journée, mais ont reculé devant la file d’attente qui s’étire presque à perte de vue, tout au bout du port de plaisance des Sables-d’Olonne.
"Vous seriez venus hier, c’était pire, confie un bénévole en veste rouge, chargé d’orienter les visiteurs. Il fallait une heure pour entrer dans le Village et encore deux heures pour accéder au ponton. C’était de la folie."
"C'est le prix à payer"Sous le soleil de ce mercredi 30 octobre, certains patientent pourtant avec le sourire. "On aurait préféré qu’il y ait moins de monde évidemment, mais ça vaut le coup", glissent Catherine et Thierry, qui ont fait la route depuis La Rochelle avec leurs petits-enfants. "C’est le prix à payer pour voir de près ces bateaux incroyables », abonde une retraitée qui touche presque au but après de longues minutes d’attente.
Une légende écrite dans le sangMême quand il s’agit juste d’approcher les Imoca, véritables Formule 1 des océans, rien de ce qui concerne le Vendée Globe ne peut être simple ou ordinaire. On ne surnomme pas pour rien "L’Everest des mers" ce tour de la planète en solitaire, 40.000 kilomètres sans escale ni assistance. Une course mythique, qui a déjà sacré les plus grands : Titouan Lamazou, Alain Gautier, Michel Desjoyeaux, Armel Le Cléac’h…
Sa légende s’est aussi écrite dans le sang, avec les décès du Britannique Nigel Burgess en 1992 et du Canadien Gerry Roufs en 1997.
Comme des rock starsVoilà peut-être ce qui inspire autant de respect aux milliers de personnes qui se pressent quasi religieusement, un peu comme on suivrait une procession, sur le ponton des Sables-d’Olonne. Ici la foule est à l’affût de la présence d’un des quarante skippers - trente-quatre hommes et six femmes - considérés comme de véritables rock stars.
"L’autre jour, on a même demandé un autographe à un collègue, juste parce qu’il avait une veste de l’équipe", s’amuse la chargée de communication de Benjamin Dutreux, une des révélations de la dernière édition.
"Cette simplicité, c'est vraiment appréciable"Julien et Maé, qui ne ratent pas un départ de la Route du Rhum à Saint-Malo, aiment ce rapport si particulier avec les marins, des professionnels souvent très abordables. "On a déjà visité le bateau de Samantha Davies. Cette simplicité, c’est vraiment appréciable", remarquent ces fans de football.
"Franchement, si on croise François Gabart cet après-midi, on sait qu’on pourra lui parler. Alors qu’avec Kilian Mbappé par exemple, ce serait juste impossible."
Tout un département au diapasonLe départ du Vendée Globe 2024 sera donné le dimanche 10 novembre, à 13 h 02 précisément. D’ici là, le Village installé au bord des bassins restera noir de monde. Et la commune des Sables d’Olonne, où des portraits géants des skippers ont été installés sur chaque rond-point, va continuer de respirer au rythme de la course.
À deux pas des Imoca, on peut par exemple s’essayer au "winch", ce treuil qui permet de hisser les voiles. Ou bien enfiler le temps d’une photo des habits de skipper. Quant aux boutiques officielles, elles non plus ne désemplissent pas : "Les gens se font plaisir en achetant des grosses pièces", comme ces doudounes qui flirtent avec les 200 euros. "Mais ils ont tous la même excuse : le Vendée Globe, ce n’est qu’une fois tous les quatre ans", s’amuse Soline, une des vendeuses.
Un sommet de la course au largePour le département de la Vendée, le coup de projecteur est incroyable. Nathalie Grasset, qui gère la promotion de la communauté de communes Challans-Goix, se frotte les mains. En quinze jours, elle aura vanté les atouts du territoire auprès de "10.000 contacts", sur son stand installé au cœur du Village du Vendée Globe. Aucun autre événement ne peut rivaliser, confie-t-elle avec un grand sourire. Voilà, aussi, ce qui fait de "L’Everest des mers" la plus grande et palpitante course au large de la planète. Un sommet, tout simplement.
Vendée Globe : Kevin Escoffier, récit d'un sauvetage en haute mer avec le directeur de course [Décembre 2020]
Texte : Tanguy OllivierPhotos : Stéphanie Para