Après le Portugal, l’Italie, la Pologne ou la république Tchèque, c’est au sud de Brive, en Corrèze, que la plateforme technologique Silvanus a fait une démonstration de ses capacités dans la lutte contre les feux de forêts.
« La deuxième période d’essai se déroule avec succès », annonce le site internet du consortium réunissant des industriels, des centres de recherche, des institutions installées en Europe, mais aussi au Brésil ou en Australie.
Depuis 2021 et avec un budget de 24 millions d’euros, financé par l’Union européenne, une cinquantaine de partenaires tentent de mettre au point un outil capable de faire face aux feux de forêts.
Détecter, inspecter, analyser et prévoir, ce pourrait être la devise de Silvanus. "C’est une plateforme qui peut fournir aux pompiers une aide à la décision dans les moments critiques", résume Philippe Besson, à la tête des Pompiers de l’urgence internationale.
Basée en Haute-Vienne, cette association humanitaire a été missionnée pour encadrer les tests en France, comme à la mi-octobre 2024, en Corrèze. Ce jour-là, plusieurs technologies ont été déployées, comme un drone, une caméra au sol, un hélicoptère bombardier d’eau, des véhicules d’intervention équipés de caméras...
Silvanus "mouline" environ 25 technologies : des schémas de modélisation, des données issus de capteurs posés en forêt, des cartes ou l’analyse de messages d’alerte repérés sur les réseaux sociaux.
Selon le colonel Jean, Silvanus, numéro 2 du Service d'incendie et de secours (Sdis) de la Corrèze, cette plateforme colle bien avec la stratégie française de lutte contre les feux de forêt : "L’approche est avant tout préventive. Quand un feu se déclare, il faut le détecter et intervenir le plus rapidement possible. On doit être en mesure de mettre un maximum de moyens sur un feu naissant".
Pour l’officier, le grand intérêt de Silvanus, ce sont ses capacités de modélisation : "C’est une véritable plus-value pour les sapeurs-pompiers qui interviennent sur le terrain. La plateforme est en mesure d’anticiper la propagation des flammes à une demi-heure ou deux heures. Cela nous permet de prioriser nos actions, de voir si des zones habitées sont menacées".
Le colonel Jean insiste pour que le facteur humain ait le dernier mot, estimant que la technologie ne peut pas tout.
Silvanus doit rester une aide à la décision. L’expérience humaine doit garder ses prérogatives. Après tout, personne n’est à l’abri d’une panne… Il faut que les sapeurs-pompiers continuent à savoir lire une carte sur le papier
La plateforme compte aussi un versant formation : un outil de réalité augmentée et/ou virtuelle doit permettre aux pompiers de se mettre en situation. Un gadget ? La multiplication des feux extrêmes, comme celui de juillet 2022, en Gironde, sans doute favorisés par le dérèglement climatique, semble montrer que les moyens actuels de lutte arrivent à leurs limites.