Une fois dans l’année, Yohann Labrousse accueille sa mère dans sa maison en région parisienne. Habitante de La Brionne, cette Creusoise n’a plus de médecin généraliste, depuis que ce dernier est à la retraite. Voilà maintenant des années. « Il y a aucun moyen d’en retrouver un. Elle doit venir à Paris et s’organise pour avoir accès à un médecin et surtout à des spécialistes. Il est facile d’avoir un rendez-vous dans la journée ou le lendemain en région parisienne. C’est la seule solution », témoigne son fils.
Des Creusois sans médecin traitant depuis des annéesArrivée en 2021, à Saint-Dizier, Camille Brassart vit elle aussi un cauchemar. « Je souffre d’endométriose. J’ai trouvé une gynécologue à Limoges. Une heure de route pour y aller et revenir. Lors d’une urgence médicale, j’ai dû passer 37 appels pour que l’on décroche. Pour entendre dire de rappeler dans trois mois. Mon médecin était en vacances. J'ai attendu, je me suis mise en danger », regrette-t-elle.
Je suis arrivée à Guéret en 2019. J’ai trois enfants, et nous n’avons toujours pas de médecin. Je n’ai pas vu un dentiste depuis 2009.
Madeleine Valadon se reconnaît dans toute cette détresse décrite. « Je suis arrivée à Guéret en 2019. J’ai trois enfants, et nous n’avons toujours pas de médecin. Je n’ai pas vu un dentiste depuis 2009. J’ai 53 ans, je n’ai toujours pas fait mon dépistage pour le cancer du sein. Seuls les médecins solidaires de Bellgrade m’accueillent. Mon seul spécialiste est un ophtalmo à Montluçon. Ce n'est pas la porte à côté non plus. » Marie-Pierre Fruchart, est installée en Creuse depuis 2020. Le même casse-tête et l'impression de ne jamais trouver de solution à sa porte. « Il me manque un psychiatre, un gynécologue, un dermatologue. J'ai quand même trouvé un généraliste (à Crocq) et un dentiste à Giat dans le 63, une psychologue dans le 63 également.»
Les urgences, seule solution sans médecin traitantAngélique Bonnin vit sur le territoire de Dun-le-Palestel. « Nous n'avons aucun médecin. Sur le territoire de Dun-le-Palestel un praticien vient le mardi après midi. Il ne prend pas. Donc s'il arrive quelque chose c'est soit une consultation en visio ou les urgences. Une honte pour notre commune et notre santé.»
Marie Dominique recherche, elle, un endocrinologue. « Ils ne prennent personne à Guéret. Au CHU de Limoges, il faut attendre environ un an, je suis écœurée. » Ce qui nourrit un peu plus les couloirs des urgences. Parfois la seule solution, comme pour Nicolas, juste arrivée en Creuse avec sa famille. « C’est délicat au quotidien. On pense à la téléconsultation, mais ce n’est pas rassurant. C'est rapide, mais cette pratique montre ses limites. »
Pacôme Bienvenu
