Sur scène, les patients présents affichent un grand sourire, fiers du spectacle qu’ils viennent de donner. Tous - une dizaine de patients de psychiatrie du centre hospitalier d’Ainay-le-Château - ont travaillé pendant plusieurs mois, à raison d’une séance hebdomadaire, pour cette représentation donnée ce samedi 19 octobre au MuPop à Montluçon (Allier).
Pour proposer trois temps forts : une saynète dans laquelle ils revisitent le conte Blanche Neige, puis une démonstration de body karaté (mélange de karaté, de fitness et de danse), et enfin une chorégraphie mêlant danse et langue des signes.
Des ateliers thérapeutiques« Pour de nombreux patients atteints de ce type de pathologie [le centre hospitalier d’Ainay-le-Château accompagne majoritairement des patients atteints de schizophrénie, NDLR], on constate un repli sur soi, un manque de communication… Et là, c’est tout le contraire que j’ai vu ici. J’ai vu des patients partager un vrai spectacle », se réjouit Pascal Barbat, cadre supérieur de santé au centre hospitalier d’Ainay-le-Château. Preuve de l’aspect thérapeutique de ces activités.Une démonstration de body karaté, mélange de karaté, de fitness et de danse, était proposée. © Cécile CHAMPAGNAT
Carine Portejoie, qui anime l’atelier théâtre avec sa collègue Justine Mornac, souligne : « Nous animons l’atelier théâtre depuis plus de deux ans. On fait beaucoup de petits jeux. Tout se fait de manière ludique. Les patients mettent beaucoup d’eux-mêmes. » Et prennent progressivement plus d’assurance tout en interagissant avec d’autres.
Margaux Ferrier, psychologue, qui co-anime l’atelier body karaté avec Antoine Marenghi, éducateur en activité physique adaptée, ajoute : « Au début, les patients ont commencé en disant : “On n’y arrivera pas”. Mais ils ont pris progressivement confiance en eux. Ils ont fait beaucoup de progrès, il y a eu beaucoup de cohésion de groupe. »
« J’ai davantage confiance en moi »À l’issue de la représentation, les patients eux-mêmes confirment les bienfaits de ces activités. « Sur le plan personnel, cela m’a beaucoup apporté et enrichi. J’ai davantage confiance en moi, cela fait travailler aussi ma mémoire. J’arrive à mieux exprimer mes émotions, j’ai une meilleure concentration. Cela me fait beaucoup de bien », soutient Daniel.Les patients ont enchaîné avec une chorégraphie mêlant danse et langue des signes. © Cécile CHAMPAGNAT
Bernard, lui, estime que le body karaté a contribué à son « bien-être ». « Cela m’apporte beaucoup de choses. Quand on fait ça, on oublie qu’on n’est pas bien et cela fait beaucoup de bien. »
À côté de lui, Marine confie : « J’étais un peu stressée au début de spectacle. Mais je suis contente d’avoir partagé ce magnifique moment avec les autres. »
Semaine d’information. Ce spectacle avait lieu dans le cadre de la Semaine d’information sur la santé mentale. « Des événements sont organisés partout en France pour ouvrir le débat sur les questions liées à la santé mentale et déstigmatiser la psychiatrie », explique Pascal Barbat, cadre supérieur de santé. « Cette année, le thème est "En mouvement pour notre santé mentale". Alors, le centre hospitalier s’est mis en mouvement. »
Texte : Laura Morel
Photos : Cécile Champagnat
