À l’heure de la mondialisation et du réchauffement climatique, Vichy Communauté veut inciter ses administrés à repenser leur consommation alimentaire.
Bertrand Baylaucq est conseiller communautaire délégué au Plan Alimentaire Territorial (PAT), programme à travers lequel la collectivité sensibilise tous les acteurs de la chaîne alimentaire locale : du producteur au consommateur, en passant par le transformateur et le distributeur. « Le mieux manger nous tient à cœur, car l’alimentation, c’est la santé, et la santé est un sujet historiquement important sur notre territoire. »
Valoriser les producteurs locauxL’équipe et l’enveloppe allouées au PAT sont restreintes : une salariée à temps plein complétée ponctuellement, et 75.000 € de budget annuel. Mais l’ambition est grande, et les missions nombreuses. La première d’entre elles trouve racine dans les champs des agriculteurs du territoire. « D’abord, on essaie d’attirer les producteurs et de faciliter leur implantation. On travaille notamment sur le foncier agricole », détaille l’élu.
Depuis l’année dernière, le PAT est notamment à l’origine d’un groupement entre tous les professionnels de l’agriculture du territoire, pour travailler ensemble sur la problématique principale du secteur :
« Le taux de reprise des exploitations est inférieur au taux de départ, et on a beaucoup de d’agriculteurs proches de la retraite… »
Après l’installation, les producteurs sont accompagnés sur leur modèle économique, pour essayer de trouver des débouchés locaux, comme lors de la première rencontre entre producteurs et restaurateurs organisée lundi dernier ; ou bien à travers le guide des producteurs locaux, dont la troisième édition sort ce samedi.
Une fois la production locale assurée, reste encore à la transformer, sans la gaspiller. « On a mis les cuisiniers des cantines scolaires en réseau. Ils étaient en demande, car ils sont souvent seuls, et ne savent pas toujours où trouver des solutions pour l’approvisionnement, et des bonnes pratiques contre le gaspillage. »
Lutter contre le gaspillage alimentaireLes enfants sont également sensibilisés : les cantines de toute l’agglomération bénéficient d’interventions dans le cadre du PAT. Et ça fonctionne.
« À domicile ou dans la restauration, 30 % de ce qui est produit sont gaspillés. Suite à nos interventions dans les écoles, on arrive parfois à diminuer ce pourcentage de moitié. »
Reste à informer le grand public, ce consommateur sur lequel la collectivité a le moins la main. Pour celui-là, une fois les filières de production locales valorisées, une seule stratégie : donner envie. Ce n’est donc pas un hasard, si l’équipe du PAT a choisi la semaine du goût pour valoriser ses actions.
Le lieu est également stratégique : « Le Grand marché est un lieu emblématique, explique le conseiller communautaire. Il accueille justement les producteurs locaux le samedi matin. » C’était donc l’endroit idéal pour promouvoir le « mieux manger », en clôture de la semaine du goût ce samedi 19 octobre, à l’occasion du forum intitulé « Quelle alimentation pour demain ? ».
Des dégustations pour promouvoir l’alimentation localeDe 9 heures à 13 heures, des démonstrations de cuisine seront animées par un chef engagé : Jérôme Pouchol, formateur à l’IFI03 et son restaurant pédagogique Le Réflexe, situé 5 rue Montaret à Vichy.
Pour concocter ses plats, il ira directement se servir auprès des agriculteurs locaux installés à l’étage du Grand marché en ce samedi matin ; puis il fera déguster gratuitement ses créations aux visiteurs. L’occasion également de lancer la distribution du dernier guide des producteurs locaux.à gauche, Julie Cipière, animatrice du Projet Alimentaire Territorial, lors du forum alimentation durable 2023.
L’outil a fait ses preuves, et il a ses adeptes. « Nous avons 407 producteurs sur le territoire. Parmi ceux-là, 100 pratiquent la vente directe, à la ferme ou sur les marchés : nous les avons répertoriés dans ce guide », précise Julie Cipière, animatrice du Projet Alimentaire Territorial (PAT).
Un guide des producteurs locaux qui a inspiré les territoires voisinsImprimé à 5.000 exemplaires, le carnet est ensuite distribué, entre autres, sur les marchés et dans les offices de tourisme de l’agglomération. Outre l’avantage, pour faciliter les démarches des consommateurs, de répertorier les producteurs et leurs lieux de vente, le guide fournit des informations sur les spécificités des agriculteurs du bassin.
« Leur nombre n’évolue pas, et la répartition des exploitations non plus : la production locale principale est la viande bovine, c’est une des particularités de notre territoire. Les céréales arrivent en deuxième position. »
Un quart des exploitations sont labellisées (bio, label rouge, AOP…) et les nouveaux agriculteurs, issus d’une reconversion professionnelle, s’installent principalement en maraîchage. Chaque année, les PAT des territoires voisins se rencontrent pour échanger sur leurs bonnes pratiques, et s’inspirer les uns des autres. « On nous a piqué l’idée de ce guide, s’est félicité Bertrand Baylaucq, conseiller communautaire délégué au PAT. Je l’aime beaucoup car quand on l’ouvre, on a les photos des producteurs. L’important, ce sont eux. »
Texte Sandrine Gras
Photos François-Xavier Gutton