Au lendemain de l’inondation qui a surpris, jeudi après-midi, les habitants de Lanteuil, une atmosphère particulière régnait dans ce village situé entre Brive et Beynat, en Corrèze. Un mélange d'état de choc et de solidarité pour nettoyer et effacer les traces de la Vianne, violemment sortie de son lit la veille.
À la pelle dans les allées, à la serpillière sur le carrelage des maisons sinistrées, on brosse, on évacue toute la boue amenée par la crue de la Vianne. Le bourdonnement de moteur résonne dans le bourg. Ce sont les nettoyeurs haute pression qui sont à l’œuvre.
Deux murs détruits par le courantDans le cimetière, le secteur le plus touché, une trentaine de personnes s'affairent. « L’eau est arrivée en amont du cimetière et a poussé le mur d’enceinte en parpaings. Quand celui-ci a cédé sous la pression, une vague a tout emporté sur son passage. On a retrouvé une des plaques à l’autre bout du cimetière », explique un élu, en train de nettoyer.
À l’autre extrémité du cimetière, un second mur situé sur le passage des eaux voulant rejoindre leur lit naturel a, lui aussi, été emporté. Il n’en restait, hier matin, que le soubassement. « C’est un mur en pierres qui a peut-être 150 ou 200 ans. Ce n’est pas un petit mur », précise Christian Derachinois, le maire, impressionné par la puissance de l’eau. Durant ces quelques minutes, les eaux se sont également engouffrées dans les caveaux, en arrachant des ouvertures. Un cercueil a été endommagé. « Les sapeurs-pompiers ont pompé l’eau dans les caveaux. On a provisoirement mis des parpaings du mur pour les boucher », explique-t-on sur place.
La solidarité à l'oeuvre pour remettre en état le cimetière communal. Photo Stéphanie Para
En plus des élus et du personnel communal, des habitants sont aussi venus nettoyer les tombeaux de famille. L’émotion était palpable, à quelques jours de la Toussaint. « Ici, j’ai ma grand-mère, et ma mère là-bas. Ça fait mal au cœur, confie Francine Fernando, une habitante. Ma grand-mère est au bord de la rivière, je ne peux même plus y accéder ». À ses côtés, Marie-Claude Laurent nettoie le caveau. « On a l’impression qu’un tsunami a ravagé le cimetière », dit-elle.
La maison traversée par la VianneAvant d'atteindre le cimetière, le torrent de la Vianne a touché le chalet habité depuis trois ans par Fabien et Hanan. Ils sont effondrés. « Jeudi soir, nous avons été alertés par la garderie qu'il y avait une montée des eaux. Nous sommes restaurateurs à Argentat, alors nous avons rapidement pris la route. Nous sommes arrivés aux alentours de 17 h 30, il y avait un cours d'eau qui traversait la maison, il y avait tellement de courant que nous n'arrivions pas à nous tenir debout. La force de l'eau a ouvert le portail puis poussé la voiture qui a défoncé une partie de l'abri de jardin. Le pire, c'est la piscine qui a carrément été soulevée. Dans la maison, l'eau est montée à 50 centimètres partout au rez-de-chaussée. L'eau est heureusement redescendue très vite. Les pompiers sont venus nous aider, les voisins nous ont hébergé avec nos trois enfants, ils ont aussi emmené ma robe de mariage plaine de boue au pressing. Normalement, nous nous marions la semaine prochaine. Enfin, on espère pouvoir maintenir... C'était vraiment très impressionnant. » La piscine de la maison soulevée par les eaux. Photo Stéphanie Para.
Lanteuil déjà touché par les catastrophes naturellesDans cette commune, déjà placée en état de catastrophe naturelle il y a quelques semaines à la suite de glissements de terrain ayant endommagé une douzaine de routes, de nouvelles démarches en ce sens vont être menées auprès du ministère de l’Environnement après ce nouveau sinistre. « Les sinistrés doivent faire rapidement une déclaration de sinistre auprès de leur compagnie d’assurances », déclare le maire.
Pour ce qui est des tombes endommagées, en revanche, la reconnaissance en état de catastrophe naturelle ne permet pas de prise en charge. « C’est sûrement une dépense que l’on va prendre à notre charge », annoncé le maire.
Pierre Vignaud et Stéphanie Para