"Je n’ai pas d’argent…" "Au revoir", répond le magnétiseur avec le sourire. Sur son petit stand, au milieu du salon du bien-être aux Trois Provinces, à Brive (Corrèze), trône une affichette : "20 euros la consultation". Mais pour régler quoi ? "On a tous nos problématiques. Je vous regarde, je sais ce que vous avez. Vous voulez qu’on en parle ?" Son pendule à la main, il s’engouffre derrière un paravent où l’attend une cliente, une patiente… On ne sait pas trop.
Le bien-être, c'est large, très large"La plupart des 130 exposants du salon vivent de ce qu’ils font, mais certains gardent toutefois une activité à côté", note Bérénice Goudard, membre active de l’association Kenko, organisatrice de ce huitième salon du bien-être. Et le bien-être, c’est large, très large : "avant le Covid, c’était soit physique, soit mental. Maintenant, le bien-être, ça touche au corps, à l’esprit, à l’assiette, à la maison…" Et au porte-monnaie.
Parmi les stands, on trouve un échantillon varié de ces "professionnels du bien-être" qui sont là pour "se faire connaître" bien sûr, mais aussi pour gagner leur vie. Vous pouvez demander à une cartomancienne de décrypter votre avenir. Cela vous coûtera 25 euros les quinze minutes, 35 euros les trente minutes. Et pour une "consultation complète", 45 euros. Un grand gaillard à moustache a choisi l’option intermédiaire. "Ça vaut ce prix-là. Elle répond à des questions qu’on se pose. C’est éclairant", estime-t-il. Se sent-il vraiment mieux après ? "Je dirai que oui, plus serein." Plus léger aussi, avec 35 euros en moins.
80 euros pour une séance de flottaisonIl vous faudra débourser 80 euros pour passer quarante minutes dans un "caisson de flottaison, une sorte de baignoire que l’on peut fermer ou laisser ouverte si l’on est claustrophobe. L’eau est saturée en sel d’Epsom et à une température proche de celle du corps". On vous promet "un soulagement des douleurs, une réduction du stress, une amélioration de l’état dépressif… On est très en retard en France là-dessus où il n’existe qu’une trentaine d’équipements", assure la fondatrice du centre briviste. En ce moment, il y a une ristourne de 5 euros. C’est toujours moins cher qu’un séjour au bord de la mer Morte.
Désencombrer aussi à un prixDans l’allée voisine, pour la modique somme de 59 euros, vous pouvez vous équiper d’un appareil aux quatre têtes rotatives chauffantes qui masse à peu près tout ce que vous voulez.
Vous trouverez aussi une spécialiste pour vous aider à trier et ranger votre intérieur. Le désencombrement a aussi un prix : 200 euros la demi-journée, 350 la journée. "Je dresse un diagnostic, un plan d’action. C’est tout un accompagnement psychologique également", justifie Mélisa Le Chevanton qui tente de faire connaître cette nouvelle activité très en vogue, dont la papesse est une certaine Mary Kondo.
"Je ne promets rien. Je ne demande rien."Et puis, il y a celui, peut-être le seul du salon, qui ne demande rien. "Je ne fais pas payer mes soins. Ce sont des dons libres. J’ai soigné une femme pour un zona vaginal. Elle m’a fait un généreux don et on a été mangé dans le restaurant étoilé de son mari." Éric Bocquet se présente comme magnétiseur, coupeur de feu, rebouteux, énergéticien. "Mes deux grands-mères étaient guérisseuses. Elles appelaient ça 'l’appât du diable'. Et un don donné par Dieu, on ne le vend pas." Il "soigne" à distance en quelques minutes, en pleine nuit, de la tendinite à la rage de dents… "Je suis très fort pour tout ce qui touche la vue. Je ne promets rien. Je ne demande rien. L’autre jour, on m’a donné un bocal de cèpes."
Derrière lui, une montagne de produits et compléments alimentaires en tous genres. "J’ai aussi des magasins", reconnaît-il. Ça se saurait si on vivait de cèpes et de tables étoilées.
Texte : Émilie AuffretPhotos : Stéphanie Para
