Ça y est, on les connaît enfin. Non seulement le Premier ministre, Michel Barnier qu’Emmanuel Macron a quand même mis cinquante et un jours à nommer, mais aussi les membres du gouvernement. Je crains que les Français soient déçus. Sûrement trop de macronistes. Nous avions besoin d’une vraie rupture. Difficile dans ces conditions de persuader nos concitoyens que voter sert à quelque chose. Je me surprends à consulter mon téléphone : combien d’entre eux figurent dans mon répertoire ? Vont-ils accepter de m’écouter, de dialoguer, d’entendre les demandes que je voudrais leur soumettre ? Eh oui, c’est cela aussi la vie après l’Assemblée nationale : pouvoir mettre à profit ses contacts – et dans certains cas, ses amitiés – pour faire avancer les choses concrètement à Béziers. Vu sous cet angle, ce gouvernement a quelques avantages…
La vie continue. Et ses incivilités aussi. Parmi ces dernières, un véritable fléau : les dépôts sauvages d’ordures. Je reçois un ami biterrois qui, en promenant son chien, a répertorié pas moins de dix sites où certains indélicats déposent leurs déchets plutôt que les porter à la déchèterie. Photos à l’appui, il me montre un endroit où plus de 80 pneus ont été déposés. Un autre où une caravane taguée a été abandonnée. Et c’est sans compter les gravats laissés par des entreprises pas très scrupuleuses qui n’hésitent pas à faire payer le traitement de leurs déchets à leurs clients avant de les évacuer sur les bords des chemins. Parallèlement, Robert Ménard, le maire de Béziers (je ne vous redis pas qu’il s’agit de mon mari, si ?), a décidé de prendre le taureau par les cornes et de filmer – à l’aide de caméras nomades – les indélicats. Où l’on voit des personnes jeter leurs sacs poubelles depuis la fenêtre de leur voiture ou d’autres abandonner un caddy rempli de déchets avant de repartir tranquillement sur une trottinette électrique. Ces gens seront poursuivis et condamnés. J’essaie simplement de persuader le procureur de la République de laisser la possibilité au maire et à sa police municipale de s’en charger, pour éviter d’encombrer encore un peu plus le commissariat de police nationale. Rien d’illégal à cela, tout est prévu par une loi de 2021. La recette miracle ? Beaucoup de pragmatisme et un peu d’audace. Allons-nous y arriver ? Une impulsion politique de la part du nouveau gouvernement pourrait certainement nous y aider. Je croise les doigts…
Quel grand moment de lâcheté ! Le bureau de l’Assemblée nationale a examiné et adopté le 17 septembre dernier la recevabilité de la motion de destitution du président de la République déposée par La France insoumise. La motion n’a pu être adoptée que grâce au vote des trois députés socialistes membres du bureau. Qui ont immédiatement précisé qu’ils voteraient « unanimement » contre la destitution elle-même. Ils ne vont quand même pas se tirer une balle dans le pied et hypothéquer leurs petits calculs électoralistes pour les prochaines échéances locales ou nationales en prenant le risque de se mettre à dos les Insoumis. Chez d’autres, on appelle ça le « en même temps ». Et ce n’est en général guère flatteur.
Il y a des commémorations, il y a des dates anniversaires qu’on préférerait ne pas avoir à honorer. Depuis huit années maintenant, nous nous retrouvons chaque 21 septembre pour nous souvenir de Jérémy Beier, ce jeune pompier de 24 ans mort au feu en 2016. En présence de sa mère, de son père et de ses compagnons d’infortune dont Lucas, rescapé de ce sinistre incendie, mais défiguré et amputé de ses dix doigts. C’est une des cérémonies les plus difficiles à vivre. L’émotion nous saute à la gorge. Je vois sa mère qui essaie de se reconstruire et d’aller de l’avant sans oublier. Qui continue de se battre pour obtenir justice – l’enquête sur les circonstances exactes du drame et ses responsabilités dure depuis plus de huit ans… Je vois son père, qui parle si peu mais qui, tant d’années après, a toujours les larmes au bord des yeux durant le beau discours de Robert qui évoque le souvenir de son fils. Dans ces moments-là, on mesure vite que les paroles ne peuvent pas tout. Et qu’on ne se met jamais vraiment à la place de ceux qui ont vécu la catastrophe dans leur chair. Nous quittons la cérémonie en silence. Le temps n’est plus aux mots.
Je croise le commandant de notre police municipale dans les rues de Béziers. Il s’arrête quelques instants pour me raconter la course-poursuite que lui et ses hommes ont menée le matin même alors qu’un véhicule refusait de s’arrêter. Un chauffard coutumier du fait. Chaque fois, les agents de la police municipale ont été contraints d’arrêter la poursuite, car le conducteur mettait en danger la population et les véhicules qu’il croisait sur sa route. Cette fois, pas question d’abandonner. Ils veulent le coincer pour l’empêcher de recommencer. Plus de vingt minutes de poursuite qui se terminent en centre-ville avec quelques dégâts matériels, mais aucun accident corporel. Ouf ! Nos policiers respirent. En cas d’accident grave, ils savent qu’ils risquent gros, aussitôt mis sur le banc des accusés par nos bonnes consciences de gauche. L’affaire Nahel, « ce petit ange parti trop tôt », dixit Kylian Mbappé, est encore dans tous les esprits. C’est aussi à cela que devra s’attaquer Bruno Retailleau, notre nouveau ministre de l’Intérieur. Une cure de réalité.
J’en suis toujours étonnée. « Espantée », comme on dit à Béziers. Nous sommes en pleine crise politique, mais chez nous, tout va bien. Notre équipe de rugby a remporté brillamment son dernier match à domicile. Fini les râleurs. Exit les jamais-contents. D’un coup, on ne parle plus que de nos sacrés joueurs. Cela ne dure que le temps d’un week-end, mais ça change tout l’état d’esprit de notre ville. Eh oui, comprenne qui pourra mais c’est ça Béziers ! Et c’est tant mieux…
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