« On veut juste porter la parole de ceux qui sont favorables à ce projet, parole qui n’est pas suffisamment entendue. » Le sera-t-elle plus après ce rassemblement, ce samedi matin devant la préfecture de Guéret, qui a réuni quelque 70 personnes en faveur de l’implantation de Biosyl quand ses opposants en ont fédéré plus de 2.500 la semaine dernière ?« Le contre mobilise toujours plus, tempère Thierry Delaître, élu guérétois. Et c’était une manifestation nationale préparée depuis plus de six mois quand là, on est sur un rassemblement à caractère départemental décidé il y a un mois. L’essentiel, c’est qu’une bonne partie de la population soit représentée. Beaucoup de structures sont derrière nous comme la FDSEA, les Jeunes agriculteurs, la chambre des Métiers. Et on a aussi un grand nombre de mouvements politiques avec nous et un grand nombre d’élus, surtout du Conseil départemental. »Effectivement, devant la préfecture, on aurait d’abord pu croire à des retrouvailles d’élus départementaux, à deux pas de l’hôtel des Moneyroux : la présidente, Valérie Simonet mais aussi Valéry Martin, Thierry Gaillard, Franck Foulon… C’est d’ailleurs à l’initiative de l’association Vivre la Creuse, présidée par ce dernier, que ce rassemblement s’est tenu. « Le développement économique, l’attractivité, tout le monde en parle mais il faut le faire, a lancé le conseiller départemental de Boussac. On est bien ici, donc il faut faire en sorte que des gens viennent. Il faut arrêter de pleurer et se retrousser les manches. »
Aux enjeux d’abord environnementaux mis en avant la semaine dernière par les opposants à Biosyl, le rassemblement de ce samedi a clairement affiché ses arguments économiques. Qu’il s’agisse des élus – pas que de droite d’ailleurs puisque l’on notait aussi la présence de quelques représentants du Modem, de Renaissance mais aussi du PS et du PRG… – ou d’autres comme Pascal Lerousseau, le président de la chambre d’Agriculture : « Bien sûr que le monde agricole se joint à vous. Le mot à la mode aujourd’hui, quand on s’oppose à un projet, c’est méga : méga-bassines, méga-fermes, méga-usines… ».
« On ne peut pas refuser 40 emplois »Un argument sur lequel rebondit d’ailleurs Thierry Delaître pour contrecarrer les inquiétudes des opposants quant à l’avenir des entreprises locales qui vivent de la filière bois : « On ne peut pas minorer le nombre d’emplois – une quarantaine d’emplois directs et une centaine d’indirects – que permettrait l’implantation de Biosyl et parler de méga-usines ».
Quant aux enjeux environnementaux, « il y a des prudences à avoir, oui, mais la forêt creusoise ne va pas être surexploitée. Pour l’essentiel, Biosyl exploite des résidus. C’est même plutôt un acteur de l’économie circulaire ». « On ne peut pas se permettre de faire une croix sur quarante emplois, abondait l’ancien député de la Creuse, Jean-Baptiste Moreau. Et il n’y a qu’à aller dans les bois pour voir comment est entretenue la forêt. Un projet comme Biosyl n’est pas du tout en contradiction avec l’environnement. Il faut regarder les choses scientifiquement et pas autour d’un dogme. »Derrière l’arbre, deux luxes cachés entre lesquels il faudrait nécessairement trancher ? Certaines jeunesses – rares ce samedi – pourraient vous répondre que non. « Je ne suis pas insensible à la cause environnementale, c’est même l’un des plus grands enjeux pour moi, sourit Clément Dauby, responsable des Jeunes Républicains en Creuse. Mais là, les enjeux sont mineurs quand on voit les chiffres. Et notre département ne peut pas se payer le luxe de refuser une entreprise comme ça. »
Séverine Perrier