Quand on pense énergie du futur, donc économe en ressources, le soleil et le vent arrivent en tête de liste. Utiliser les sous-sols, en revanche, reste une solution encore anecdotique.
« Sous terre, le sol reste à température quasiment constante toute l’année, entre 12 et 15 degrés. Le principe de la géothermie est donc d’utiliser cette température pour chauffer son habitat l’hiver, et le refroidir l’été », explique Mathieu Trapeaux, chargé d’affaires pour Opam building, une filière de Saint-Gobain. Pour ce faire, des conduits d’eau sont installés sous terre, et reliés à une pompe à chaleur dans l’habitat.
Retour à un dispositif ancestralOr, l’installation est contraignante : soit les tuyaux doivent être enfoncés à une profondeur de 10 à 20 mètres, sur une petite surface près de l’habitation ; soit la profondeur est moindre, mais la surface impactée est grande. Bref, une solution coûteuse, qui ne s’appliquera pas à tous les terrains. D’autant qu’avec une pompe à chaleur, l’isolation thermique de l’habitat doit être optimale, ce qui n’est pas toujours le cas dans le bâti ancien.
Mais une autre manière de capter cette chaleur souterraine s’est développée il y a plusieurs décennies. Appelé puits canadien ou puits provençal, le système consiste également en un canal qui circule sous le sol, mais qui conduit non pas de l’eau, mais directement de l’air dans l’habitat, et ce avec une longueur de tuyau bien plus courte qu’en géothermie classique. Explication de Benjamin Moret, gérant de l’entreprise locale Bati Vernet éco :
« L’air extérieur est capté, passe dans le puits, puis est traité par une centrale, avant d’être envoyé dans la maison via une VMC double-flux, froid l’été, ou réchauffé l’hiver »
Passionné par les solutions de rénovation et de chauffage écologiques, l’ingénieur travaille en collaboration avec Opam building, pour commercialiser cette solution qui paraît révolutionnaire, mais qui ne date pourtant pas d’hier, nommée puits climatique Elixair. « Les romains l’utilisaient déjà, c’est vieux comme Érode ! C’est revenu au goût du jour il y a des dizaines d’années, mais le dispositif n’était pas certifié, car les tuyaux étaient jusqu’ici en PVC. C’était beaucoup plus fragile, et perméable aux bactéries », précise Benjamin Moret.Mathieu Trapeaux et Benjamin Moret.
En développant le même principe avec des tuyaux en fonte il y a huit ans, des constructeurs allemands ont trouvé la formule gagnante, que Mathieu Trapeaux n’est pas peu fier d’importer dans l’Hexagone : « Désormais nous sommes agréés RE2020, la norme obligatoire pour toutes les constructions neuves, et nous sommes les seuls à avoir un avis technique* en France. Le système est beaucoup plus solide, on peut même planter des arbres ou construire un parking par-dessus le conduit d’air, qui n’a besoin d’être enfoncé qu’à 2 mètres sous le sol. On équipe d’ailleurs déjà des lycées, des collèges ou encore l’armée. On vient directement remplacer la clim, sans avoir à utiliser de gaz. »
« Nous sommes en retard, en France »Alors pourquoi ce système, a priori aussi simple à mettre en place que peu coûteux comparé à la géothermie classique, n’a été certifié que cette année sur le marché national ? « Nous sommes en retard, en France, en ce qui concerne les solutions écologiques, admet le gérant de Bati Vernet éco. En Allemagne, ça fait 20 ou 30 ans qu’ils n’utilisent plus de polystyrène en isolation, par exemple. »
Les billes de graphite de Benjamin Moret sont écologiques, efficaces et faciles à utiliser.
Inventeur d’un isolant en billes de graphites, fabriqué par une entreprise puydomoise, Benjamin Moret reste néanmoins optimiste. « Pour le moment je commercialise mes produits essentiellement sur internet, à des clients qui ont une sensibilité écologique, et qui veulent économiser. Mais le produit est adoré, et le marché se développe rapidement. » Prochain objectif pour lui, passer de 5 % de clients Auvergnats, à 30 %.
(*) L’avis technique CSTB est délivré par l’État. Il garantit la fiabilité d’un produit.
Texte Sandrine Gras
Photos François-Xavier Gutton
PratiqueSalon Habitat et déco, au Palais du Lac samedi 12 et dimanche 13 octobre, de 10 heures à 19 heures. Entrée gratuite.