Clarifier ici des positions illisibles là-bas. C’est en quelque sorte ce qu’ont fait les élus départementaux vendredi 11 octobre à Guéret, au lendemain d’élections législatives au résultat inédit et alors que le nouveau gouvernement se met péniblement en place à Paris. La stratégie contre le désert médical, le Plan Santé “Dites 23 !”, porté par le Département sur huit ans, en était le prétexte.
Médecin : contraindre ou pas contraindreL’exécutif départemental voulait à la fois donner un premier bilan et entériner la suite de ce dispositif, Valérie Simonet soulignant avoir « déjà obtenu des résultats concrets » et défendant une méthode qui combine politique d’attractivité et partenariats (ARS, fac de médecine…) pour créer un environnement d’accueil global.
Une philosophie que Jean-Luc Léger, chef du groupe d’opposition, se devait de questionner encore. Lui pour qui "L’Esprit Creuse" n’est guère plus qu’une méthode Coué, bien insuffisante pour endiguer des problèmes de fond, démographiques et géographiques. « En dix ans, nous avons perdu 30 médecins quand nous en avons installé deux ou trois », raillait-il.
Avant donc d’allumer la mèche politique : « Puisque maintenant vos amis sont au pouvoir, dites-leur de faire voter une loi sur l’installation des médecins en zone rurale », lançait-il alors que Valérie Simonet, revendiquant clairement son appartenance au camp de Michel Barnier (après avoir déchiré sa carte LR durant les élections), venait de saluer « le courage » et le sens des responsabilités du tout nouveau Premier ministre.
Une porte ouverte dans laquelle se sont engouffrés tous les élus de gauche, à la suite de M. Léger, discutant la stratégie santé prônée par Valérie Simonet. Et la tenant comme responsable d’une politique qui pourrait désormais être menée par Paris… Par exemple, Éric Bodeau : « La solution est au Parlement pour une régulation des installations et un maillage territorial… L’ARS fait feu de tout bois pour éteindre un incendie qu’elle a elle-même provoqué ! ».
Partenariats qui sont précisément cités par Valérie Simonet pour illustrer ce qui fonctionne : accompagnement de 11 infirmières de pratique avancée en trois ans ; téléconsultation à domicile sur le secteur Bonnat/Genouillac ; Médecins solidaires à Ajain où le Département a participé à hauteur de 50.000 euros… Et de balayer toute idée de régulation étatique des installations : « C’est une arlésienne qui ne marche pas. Vous ne pouvez contraindre les jeunes médecins alors qu’il y a une baisse de vocation et qu’ils sacrifient déjà les dix meilleures années de leur jeunesse aux études… Il suffit peut-être à la Creuse de donner envie ».
Barnier et Lenoir dans le débatEn rebondissant sur cette phrase, Isabelle Pénicaud rouvrait finalement la boîte de Pandore des élections locales : « Quand on voit notre nouveau député, je ne suis pas sûre que ce soit le meilleur moyen d’attirer du monde en Creuse », lançait-elle. En effet, Mme Simonet est toujours accusée par la gauche d’avoir fait gagner Bartholomé Lenoir.
« Mais pourquoi est-ce qu’il a pris la route de la Creuse ce gars-là ? », enchaînait goguenard, M. Léger – allusion à l’origine LR de celui qui est désormais allié au RN. Mais Valérie Simonet de répondre du tac au tac, dans une allusion à peine voilée au Sud creusois : « Il y a un maire d’une ville creusoise qui vient de démissionner. Il avait aussi trouvé le chemin de la Creuse en son temps ».
Casserole contre casserole. C’est aussi ça l’héritage des partis historiques. Qui s’entendront finalement pour voter le Plan Santé des Creusois.
Floris Bressy
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