Fabrice Pannekoucke, nouvellement élu à la suite de Laurent Wauquiez, effectuait sa première visite officielle en terre altiligérienne en tant que président de la région Auvergne Rhône-Alpes. Mardi, il était au Puy-en-Velay où se tenait une session décentralisée de la chambre régionale d’Agriculture. La rencontre était l’occasion de fêter le 100e anniversaire de l’organisme consulaire, mais surtout d’évoquer les grandes problématiques du moment pour le secteur agricole, à commencer par la crise sanitaire que traverse le monde de l’élevage avec la fièvre catarrhale ovine (FCO). « Nous sommes tous touchés, même si certains l’ont été plus tôt ou plus tardivement que d’autres », assure le président de la chambre régionale, l’Yssingelais Gilbert Gignand (l’agriculteur de La Séauve-sur-Semène a été élu à la tête de la chambre régionale en 2016). Les chambres ont un peu de mal à estimer les pertes (elles tentent néanmoins de faire cette évaluation avec les ramassages des équarrisseurs). Alain Coquemer, directeur de la chambre régionale, avance entre 10 et 30 % de pertes selon les départements et les éleveurs. Pas plus tard que mardi matin, Fabrice Pannekoucke a signé un courrier à l’adresse de la nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, pour, dit-il, « attirer très directement l’attention du gouvernement sur le sujet ». Car pour le président de Région, la FCO relève de la responsabilité de l’État à travers les questions portant sur les analyses et la vaccination.
Des aides pour les cheptels??La Région va étudier pour sa part la manière dont elle pourra accompagner la reconstitution du capital productif, autrement dit des cheptels décimés par la maladie. Dès le mois d’août, le président d’Auvergne Rhône-Alpes a été interpellé par les professionnels de la Drôme et de l’Isère. La maladie se décline selon des sérotypes. Or, l’État s’est engagé sur le « 3 » dans le nord de la France. Sur le « 8 » qui sévit en particulier en Haute-Loire il n’y avait plus d’accompagnement depuis longtemps. « Je demande depuis la mi-août que l’État intervienne. On a tout de suite vu la casse que le phénomène allait engendrer. Le mois dernier, des troupeaux étaient encore à l’alpage, aujourd’hui il est déjà un peu tard », estime Fabrice Pannekoucke.
“La Région va réfléchir à accompagner la reconstitution du capital productif"
D’autres thèmes ont été débattus au cours de la session ponote. La viticulture va mal avec des pertes pouvant aller jusqu’à 50 % de la récolte, dues aux problèmes climatiques, en particulier chez les viticulteurs en bio qui n’ont pas pu traiter. L’arboriculture est en souffrance elle aussi. Autres préoccupations : les baisses de rendements en céréales variables en fonction des dates de semis d’automne. La question de la qualité des fourrages, difficiles à récolter, celle des indemnisations liées aux aléas climatiques, ou du revenu agricole étaient à l’ordre du jour.
Les hausses des prix du lait et de la viande ne suffisent pas adoucir vraiment le malaise de la profession. Fabrice Pannekoucke entend bien se positionner « comme défenseur des produits sous signe de qualité ». Il aura l’occasion d’en reparler la semaine prochaine au Sommet de l’élevage. Au nom de la chambre régionale, le président en Haute-Loire, Yannick Fialip, a été mandaté pour réfléchir à l’avenir du métier d’agriculteur à l’horizon 2030 ou 2035, avec cinq scénarios possibles. Cet hiver sera mis à profit pour chiffrer le poids de l’agriculture en fonction de tel ou tel choix, telle ou telle orientation.
Une hausse de salaire réclamée
Une vingtaine de salariés ont rappelé aux élus la nécessité d’une revalorisation. Les salariés de la Chambre d’Agriculture prennent à témoin les élus réunis en session régionale au Puy-en-Velay pour réclamer une hausse des salaires. Mardi, dans le hall de l’immeuble interconsulaire, porteurs de petites affiches, ils étaient une vingtaine à revendiquer une hausse du point. Les 8.000 salariés des chambres d’Agriculture s’étaient déjà mobilisés dans toute la France le 17 septembre. La Chambre de Haute-Loire emploie 80 personnes (toutes ne sont pas à temps plein). Des négociations se poursuivent avec la commission nationale paritaire. Les salariés estiment avoir perdu, depuis 2022, 8 % de pouvoir d’achat par rapport à l’inflation et même 18 % depuis 2010. L’exemple est donné : « En 2002, à l’embauche, un conseiller (320 points) gagnait 71 % de plus que le Smic. Aujourd’hui c’est 19 % de plus. Le salaire d’une assistante (270 points) est passé de 44 % de plus que le Smic à + 2,3 % désormais ». Pour Landry Marsaud délégué syndical CFDT : « On sait que des chambres d’Agriculture ont des budgets compliqués. Il n’empêche qu’on a besoin d’être entendus ».
Philippe Suc