Il avait demandé un délai pour préparer sa défense. Pour autant, près d’un mois après l’agression au tesson de bouteille, survenue dans le parc de la Guierle le 19 août 2024, dont il devait répondre ce mercredi 18 septembre devant le tribunal correctionnel de Brive (Corrèze), les faits semblaient toujours aussi nébuleux.
Le prévenu, un marginal de 35 ans, n’a eu de cesse de répéter, tout au long de l’audience, être la véritable victime du dossier. Portant un gant à la main gauche, pour cacher la trace d’une vilaine morsure au petit doigt, il a expliqué avec fermeté avoir été agressé par trois personnes. Pourquoi ? Il ne s’en souvient pas. Ce soir-là, il avait bu. Peu après son interpellation, il avait été contrôlé avec plus d’1,4 gramme d’alcool dans le sang. « La soirée se passait bien. Ils se sont retournés contre moi. Ils étaient à trois sur moi, je me suis défendu. À un moment donné, j’avais ma main dans une bouche. Je n’ai pas frappé avec un tesson de bouteille », assure-t-il.
Des blessures au visage et au thoraxLes trois victimes ont de leur côté raconté une autre version. En substance, ils ont décrit que le mis en cause, après avoir cru voir que l’on faisait un câlin à sa petite amie, avait cassé sa bouteille avant de se jeter sur un des trois membres du groupe. Ce dernier, qui a reçu des coups à l’arcade, au thorax, sur le bras et dans le dos, s’est vu prescrire cinq jours d’ITT par le médecin légiste.
Un deuxième membre du groupe, qui a voulu intervenir, a pris un coup à la gorge. « Si le prévenu s’est fait mordre le doigt, c’est pour qu’il arrête de frapper. La légitime défense est là. La théorie du complot qu’il développe ne résiste par aux autres témoignages », a soutenu pour le parquet Claire Szczepaniak, qui a requis dix mois de prison dont cinq mois ferme.
Le tribunal est entré en voie de condamnation. En plus de ne pas reconnaître l’état de légitime défense soutenu par le prévenu, il est même allé bien au-delà des réquisitions du parquet. Mohamed Salmi a été condamné à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt.
Pierre Vignaud