Nos voisins des télécoms italiens utilisent des poteaux en composite depuis les années 80, mais il aura fallu attendre 2021 pour que l’Hexagone s’y mette, sous l’impulsion d’Orange. Une occasion saisie au vol par Transalpes Composite.
Transalpes Composite, Saint Loup, le 16 septembre 2024, photo François-Xavier GuttonInstallée à Saint-Loup, dans la zone industrielle des Écherolles, l’usine de Transalpes est la première – et la seule – en France à fabriquer des poteaux constitués d’un alliage de fibre de verre et de résine, qui viennent peu à peu remplacer leurs équivalents en bois et en métal. Avec 15 millions de poteaux actuellement dans le pays, le marché est de taille : Orange consacre 110 millions d’euros par an à la maintenance de ce parc.Richard MOLINA, diriegant de Transalpes Composite, Saint Loup, le 16 septembre 2024, photo François-Xavier Gutton
Alors, pour répondre à la demande, l’usine de Saint-Loup tourne à plein régime, sept jours sur sept, 24 heures sur 24, sur son site de 4.500 m2 qui emploie 85 personnes. « Cette année, on devrait dépasser les 200.000 poteaux produits, annonce Richard Molina, dirigeant de Transalpes Composite. On avait dimensionné le site pour seulement la moitié ! » Depuis son ouverture, en 2021, la société est donc en modernisation constante… Et en recrutement continu.La fibre de verre est enroulée autour d'un gabarit.
Impératif écologiqueDepuis peu, Orange a substitué la majorité des 250.000 poteaux en bois, remplacés en curatif ou en préventif chaque année, par leur version composite. « Ils ont une durée de vie de 80 ans au moins, contre 20 ans pour ceux en bois, qui sont en plus traités chimiquement pour résister aux intempéries, précise Olivier Dondain, délégué régional d’Orange. Ça représente 25 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins rien qu’au niveau de la production. »Une couche de tissu en polyester, effet bois, recouvre la fibre de verre.
Les super-poteaux contiennent tout de même 50 % d’une résine dérivée du pétrole qui vient « boucher les trous » de la fibre de verre et sont habillés d’un tissu à motif bois 100 % polyester. « Nous sommes sans doute le premier consommateur de résine en France, estime Richard Molina. On en reçoit un camion par jour. »Le gabarit entouré de fibre est ensuite "enfourné" dans une centrifugeuse, dans laquelle la résine est ajoutée. Après 15 minutes, le poteau est terminé.
Mais le poteau composite est « neutre chimiquement », donc sans impact sur l’environnement une fois installé, d’après ses fabricants. Il ne pèse que 50 kg, soit deux fois moins que le bois, et chaque camion qui part de Saint-Loup plein revient à nouveau rempli des poteaux en bois usagés que l’usine recycle. Le fonctionnement de cette dernière a également été pensé pour minimiser son impact : l’air y est recyclé en continu et des échangeurs permettent de récupérer les calories pour chauffer le site l’hiver.700 poteaux sont produits toutes les 24 heures.
Résultat favorable au nouveau poteau et à Transalpes Composite qui réalise un chiffre d’affaires de 37 millions. Et qui espère maintenant attirer Enedis sur son terrain.
Texte Sandrine Gras
Photos François-Xavier Gutton