La Journée internationale de la prévention du suicide revient comme un impérieux rappel. En France, il y a une tentative de suicide par heure ! Au CHU de Clermont-Ferrand, les urgences psychiatriques ont été parmi les premières à s’intéresser (avec Lille), aux dispositifs canadiens de veille après une prise en charge. Le dispositif VigilanS en est l’aboutissement, après plusieurs études de pertinence pour la France.
Labellisée et financé par l’ARS Auvergne Rhône-Alpes, une équipe pluridisciplinaire est aujourd’hui constituée autour du CHU clermontois pour le Puy-de-Dôme, l’Allier et le Cantal. Secrétaire, infirmiers, psychologues et psychiatres forment des équipes opérationnelles et de coordination qui assurent un suivi post-hospitalisation fait de rappels téléphoniques et de contacts par courriers.
Pendant au moins six mois, on prend des nouvelles, et les cartes sont écrites manuellement. On rappelle au destinataire "qu’il est quelqu’un qui compte". Et qu’il peut aussi appeler en cas de mal-être ou de crise.
Difficiles territoires d'Auvergne…Quelque 3.000 personnes ont déjà pu être suivies par le dispositif VigilanS d’Auvergne.
Pour ce mois de septembre 2024, la file active de veille compte 400 personnes (ce qui représente une vingtaine de rappels quotidiens). Avec trois ans de recul, le dispositif confirme la fragilité du territoire auvergnat face au risque suicidaire.
Entre autres facteurs de passage à l’acte, les membres de l’équipe citent l’isolement rural et géographique, mais aussi la détresse liée à la précarité, notamment en secteurs ruraux et agricoles.
De plus en plus jeunesAutre caractère notable : la disparité de genre. Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes (les suicides aboutis masculins sont en revanche deux fois plus nombreux en France), et souvent jeunes.
Les équipes de pédopsychiatrie relèvent aussi un public concerné plus jeune depuis 2021 (Covid), et une présence plus visible du harcèlement scolaire et relayée par les réseaux sociaux.
S’il ne fallait retenir que deux consignes ?On ne devrait jamais rester seul face à des idées suicidaires. On ne devrait jamais laisser seule une personne en proie à des idées suicidaires.
"Osez aborder les personnes qui vont mal. Osez appeler le 3114 ou des associations."
Les suicides représentent 9.000 décès chaque année en France : un toutes les heures ! Et tous les ans, 200.000 Français tentent de passer à l’acte. La prévention du risque suicidaire est donc un enjeu de santé majeur.
L’équipe du dispositif VigilanS, les urgences psychiatriques, des structures de santé et les associations relancent cette année un Collectif 63 qui défend l’idée d’une "prévention partagée" du risque suicidaire.
La crise et les recours possiblesEn amont, en aval et en complément des urgences psychiatriques adulte ou enfant, d’autres recours sont accessibles à tout moment, de jour comme de nuit.
A retenir en priorité : le 3114, numéro national de prévention du suicide. Il garantit une écoute "professionnelle, confidentielle et gratuite" 24h/24. En cas d’urgence, on peut aussi appeler le 15.
"Au téléphone, les gens se confient beaucoup. On s’aperçoit que ce qui pouvait être pressenti comme une difficulté est en réalité un atout; on nous dit que cela aide à se confier de ne pas être physiquement présent."
En sortie de soins, le dispositif VigilanS assure la veille avec un numéro gratuit à appeler en cas de crise.
On pense aussi aux écoutes téléphoniques d’associations comme SOS suicide, Phénix 63, SOS Amitié, ou d’autres encore (à retrouver par exemple sur le portail infosuicide.org).
Anne Bourges anne.bourges@centrefrance.com