Senoïs célèbre ses 20 ans ! Ce nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant cette association est incontournable dans un secteur d’activité loin d’être anodin : la location de toilettes sèches. Les organisateurs d’évènements en tout genre en Auvergne-Rhône-Alpes, entre autres, s’arrachent ses services. Festival du cirque d’Alba-la-Romaine, festival de l’étang de Thau à Mèze, MadCow Festival à Cheylade… l’association réalise une trentaine de prestations tout au long de l’année.
À ses débuts, elle n’avait pourtant aucun lien avec les toilettes sèches, ni même avec la Haute-Loire. L’histoire a débuté en Ardèche, en 2004, lorsqu’un groupe d’amis a décidé de créer Senoïs - du nom de chasseurs-cueilleurs de Malaisie, connus comme étant le peuple du rêve - afin de mettre en place un festival.« Les deux premières années, l’évènement a connu un grand succès, mais sans réelle raison, la troisième édition n’a pas marché », raconte le coordinateur Nicolas Chaudoir, entrée dans l’association voilà six ans.
De la création d’un festival à la fabrication de toilettes sèchesSenoïs a donc dû se réinventer, sous peine de fermer boutique. C’est alors que l’idée des toilettes sèches émerge. « Un des membres fondateurs de l’association avait un ami membre du RAE », indique Nicolas Chaudoir. Derrière cet acronyme se cache le Réseau de l’Assainissement Écologique, qui réunit une bonne partie des entreprises et associations spécialisées dans la fabrication et la location de toilettes sèches.
Les bénévoles de Senoïs sont alors entrés en contact avec l’une d’entre elles, Éco Art. « Pour diverses raisons, elle a ensuite calmé son activité pendant une dizaine d’années, et Senoïs en a profité pour prendre le relais », explique l’actuel coordinateur de l’association.
En plein boomEn premier lieu, les partenariats se nouent évidemment avec des évènements situés en Ardèche. À savoir : le festival de cirque d’Alba-la-Romaine et celui de l’étang de Thau à Mèze. Pendant plusieurs années, les activités de l’association Senoïs se limitent presque exclusivement à ces deux festivals, à quelques exceptions près.
Adhésion. Pour adhérer à l’association, il faut débourser 5 € par an (et 10 € pour les familles). Toutes les informations sur : senois.org
Puis, le nombre de prestations explose subitement en 2020. « Depuis, chaque année, nous avons cinq, six nouveaux contrats », se réjouit Nicolas Chaudoir. Selon lui, plusieurs facteurs expliquent cette soudaine augmentation. D’abord, l’envie des organisateurs de remplacer les toilettes chimiques pour des questions écologiques, mais aussi… d’odeur.
Notre principal atout, c’est que nous sommes capables de nettoyer très régulièrement et individuellement les toilettes. C’est alors toujours propre et il n’y a que peu d’odeur.
De ce fait, ensuite, les organisateurs satisfaits poursuivent le partenariat et en parlent autour d’eux. « Ça fonctionne énormément au bouche-à-oreille, admet Nicolas Chaudoir. Le festival d’Alba-la-Romaine est plutôt important dans le milieu du cirque. Il nous a permis de nous faire connaître auprès de ce public potentiel. De la même manière, on a signé plusieurs contrats, comme avec l’association du Roi de l’Oiseau, après avoir rejoint Coop’Art, qui réunit, au Puy-en-Velay, plusieurs acteurs du monde de la culture. »
L'association Senoïs organise, au lieu-dit Le Bénéfice, à Saint-Austremoine, un centre culturel depuis cinq ans, intitulé K-Fe Cirk.
Enfin, l’association Senoïs a profité du déclin d’entreprises concurrentes qui ont grossi trop vite, au point de voir leurs contrats rompus. « Pour faire face à la demande grandissante, elles ont décidé de cesser les toilettes individuelles et plutôt d’investir dans des grandes bennes, mais dans ce cas, il n’est plus possible de faire un nettoyage réellement efficace, explique le coordinateur de l’association Senoïs. De notre côté, nous sommes fidèles à notre service individualisé. »
Passer le cap du salariatL’association située à Saint-Austremoine depuis 2018 et le déménagement en Haute-Loire des derniers membres fondateurs, ne compte certainement pas reproduire cette même erreur malgré le succès grandissant de son activité.
"Il y a forcément un moment où on devra dire “stop” à la hausse de nos prestations"
En plus de la location de toilettes sèches, l'association est déjà tournée vers d'autres objectifs comme le développement du centre culturel K-Fé Cirk, qui fête ce week-end ses cinq ans à l’occasion d’un festival anniversaire (voir ci-dessous) et aussi la volonté d’embaucher plus de monde au sein de l’association.
À l’heure actuelle, Senoïs, forte de 350 adhérents en 2023 et d’une dizaine de bénévoles réguliers, ne possède qu’un seul salarié : Nicolas Chaudoir, depuis deux ans. « C’est pourquoi, pour le moment, on continue d’accepter les contrats avec de nouveaux festivals afin de remplir les caisses », précise-t-il.
Timothé Soulié