Un cambriolage comme il y en a tant. Un volet forcé, une vitre brisée. Des montres et de l’argent dérobés, en l’absence des propriétaires, entre le 5 et le 6 janvier 2021 à Yzeure. Quelques mois plus tard, les traces ADN relevées sur l’arrière du volet « matchent » : un jeune homme de 23 ans qui habite la région parisienne est identifié. Il ne s’agit ni de sang ni de salive, mais d’une trace issue du contact avec la peau. Il est placé en garde à vue et interrogé. Sa réponse est simple et résumée en substance par le tribunal correctionnel de Moulins, mercredi : « Il argue que l’ADN est transportable et a pu être transféré après avoir serré la main à quelqu’un. Ce jeune homme ajoute aussi dans son audition que s’il avait commis ces faits, il aurait porté des gants »… car il n’est « pas débile ». On n’aura pas davantage d’éléments de sa part. Représenté par son avocate parisienne, il n’était pas à l’audience : il est incarcéré pour une autre affaire depuis début août. À son actif, des condamnations pour trafic de stupéfiants et des vols, notamment. Ce qui lui vaut de comparaître en récidive.
La voisine voit quelqu’un, mais…Le tribunal n’a pas tellement d’autres éléments à se mettre sous la dent que ce fameux ADN de contact (et un dossier déjà âgé qui a souffert d'allers et retours entre les juridictions de l'Île-de-France et l'Allier).
La description que fait la voisine d’un jeune homme « qui sonne ce jour-là à la porte de manière insistante » est, pour la défense, ni précise ni pertinente. La procureure s’appuie pour sa part sur deux éléments : « La trace d’ADN n’a pas été retrouvée n’importe où, c’est précisément là où le volet a été soulevé de force pour casser la vitre. Ce serait quand même extraordinaire qu’il ait serré la main de quelqu’un qui va venir cambrioler à Yzeure et poser cette trace à un endroit aussi crucial… Ce jeune homme est déjà connu pour des faits de même nature ».
Le parquet requiert six mois de prison ferme. Réquisitions suivies lors du délibéré par le tribunal, malgré les arguments apportés par la défense : « Cet ADN, c’est un indice et c’est légitime de placer en garde à vue sur cette base. Mais ce n’est pas une preuve et c’est grave de condamner rien qu’avec ça. A-t-on montré sa photo à la voisine ? A-t-on recherché le bornage de son téléphone ? On n’a pas la certitude qu’il était là. L’enquête doit venir corroborer la valeur probante de l’indice ». Le tribunal a estimé que le dossier était assez « probant ».
Mathilde Duchatelle