Il n’y a pas eu tant d’éclaircies que ça, l’an passé, dans les nuits où le coup de sifflet final renvoyait Aurillac vers un vestiaire qui n’était pas celui de Jean-Alric. En quinze déplacements et sur les 75 points mis en jeu, le Stade n’a arraché que 7 unités, réparties sur trois matches. Un bonus défensif, les deux points d’un match nul, et une victoire, enfin, pour finir la saison des voyages sur une bonne note et gâcher la fête à Valence.
Alors forcément, au moment de renouer avec les périples plus ou moins lointains, la principale question qui se pose est la suivante : Aurillac est-il parti pour prolonger une série qu’il n’a pas eu le temps d’étirer faute de rencontre supplémentaire à jouer au printemps finissant, ou va-t-il repartir sur ce morne train-train qui voit l’extérieur lui nuire ?
Pour le Stade qui a, de plus, effectué tous ses matches de préparation à domicile, ce retour aux pérégrinations est un peu un saut dans l’inconnu.
La faute aux JIFF ? Aix et Valence montrent que non« Effectivement, on n’a pas joué d’amicaux à l’extérieur. On va découvrir ce jeune groupe : comment il va se relever après une défaite à la maison. Est-ce qu’on sera en mesure de gagner ? L’an dernier ça n’a pas été beaucoup le cas », pose Roméo Gontinéac.
Est-ce que la jeunesse va nous aider et nous donner des ailes pour rebondir aussi vite ? On va le découvrir. Mais nous, c’est le message qu’on fait passer. Ça demande du travail, individuel et collectif. Et un travail pour l’équipe
Pour le succès final de l’an passé, disputé dans un contexte somme toute différent, l’entraîneur en chef avait alors misé sur des joueurs revanchards et/ou jeunes, les Margarit, Bévia, Burduli, Cambon et Jean-Jacques… La bonne formule ?
Si la politique de mettre (trop) le paquet sur les JIFF à l’extérieur (et donc souvent des jeunes) a pu être pointée du doigt pour expliquer l’inconstance aurillacoise à l’extérieur - notamment dans ces colonnes - force est de reconnaître que l’alliage avait été le bon à Valence. Comme il avait été proche du coup parfait à Colomiers l’an passé avec un premier acte rêvé (0-16) avant de devoir se limiter à un bonus défensif (27-22). À l’époque il avait manqué un peu de bouteille sur le banc pour finir le travail de cette jeunesse insouciante.
Entre-temps et au milieu de pas mal de roustes, il y avait eu ce nul plus que méritoire à Aix (29-29), ou la jeunesse (encore elle), encadrée par ce qu’il faut de tauliers, avait déjoué les pronostics. Alors pourquoi cette formule n’a-t-elle pas permis de faire un peu mieux l’an passé ? D’autant qu’Aurillac assure aborder ses matches à la maison comme à domicile sans différence majeure ?
Un verrou à faire sauter d’abord sur le plan mental« On se prépare de la même manière. Le discours est le même. On ne prépare jamais les matches pour les perdre. Est-ce qu’il y avait une fragilité psychologique ? Peut-être », avance Roméo Gontinéac.
Interrogé sur le fait que le sang-neuf intégré au groupe cette saison pouvait permettre d’écrire une autre histoire, l’entraîneur a laissé la porte ouverte :
C’est l’histoire d’un nouveau groupe. Il faut qu’on arrive, psychologiquement, à être plus fort. On voit (sur le premier match) qu’on n’est pas tout à fait au point. Quand on perd une mêlée et qu’on regarde ses chaussures, par exemple. Il faut être capable de récupérer un plaquage, de faire l’effort sur un ballon aérien qu’un partenaire a loupé
« Tout ça fait partie de l’aspect psychologique. On parle beaucoup de tactique et de stratégie mais il faut développer l’aspect psychologique », poursuit l’entraîneur qui a longuement insisté sur ce point, mardi à l’issue de la séance collective.
Alors que le technicien avait profité de l’avant premier déplacement de la saison pour souligner le rôle majeur des accompagnateurs du groupe, de l’intendance au team manager, le groupe peut se dire que, même sans son public, il n’est pas tout seul loin de Jean-Alric. « On ne le répète pas tout le temps, mais les joueurs voient qu’on est soutenu et encadré », pose le coach.
Pour eux et pour ce petit monde, les Aurillacois ne pourront pas se permettre de se déplacer en dilettantes, demain. Même si le Stade sait qu’il faudra « être exceptionnel pour réaliser un exploit ».
Jean-Paul Cohade