Opposé à une candidate démocrate, la vice-présidente sortante Kamala Harris, comme lors de sa campagne victorieuse de 2106 face à Hillary Clinton, il se retrouve sur la défensive concernant sa position fluctuante sur l'avortement.
Kamala Harris bénéficie d'un regain de soutien de l'électorat féminin alors que le milliardaire républicain s'est souvent vanté d'avoir permis l'annulation de la garantie fédérale du droit à l'IVG.
Mais Donald Trump courtise assidument l'électorat qui, pêle-mêle, plébiscite les cryptomonnnaies, le MMA et considère que la société américaine a sombré dans le "wokisme".
"Il parle à notre génération", dit à l'AFP Nick Passano, 37 ans, venu assister avec quatre autres investisseurs dans les cryptomonnaies connus sous le nom de Maga Boyz, tous tatoués, à un meeting de Trump à Johnstown, en Pennsylvanie (nord-est) la semaine dernière.
"Nous devons faire entendre notre voix sur l'exemple que nous voulons donner à nos enfants, c'est-à-dire des hommes forts et masculins", ajoute-t-il.
L'attitude combative du candidat républicain de 78 ans, la joue ensanglantée, juste après avoir échappé à une tentative d'assassinat lors d'un meeting le 13 juillet, a encore galvanisé cette ferveur lors de la convention du parti conservateurs quelques jours plus tard.
"Si vous êtes un homme dans ce pays et que vous ne votez pas pour Donald Trump, vous n'êtes pas un homme", a ainsi asséné le commentateur conservateur Charlie Kirk.
Et pendant la convention, le catcheur Hulk Hogan a déchiré son t-shirt et l'a qualifié de "gladiateur".
Un contraste saisissant, exploité à fond par son équipe de campagne, avec le déclin affiché par le président sortant Joe Biden, 81 ans, plombé par son catastrophique débat face à Donald Trump en juin.
"Masculinité blanche persécutée"
Mais l'abandon de Joe Biden, soudainement remplacé par Kamala Harris, 59 ans, a bouleversé la donne.
Il est plus risqué pour Donald Trump de bomber le torse face à une femme d'origine jamaïcaine et indienne que face à un autre homme blanc de plus de 70 ans, selon les commentateurs.
Paul Johnson, professeur de communication à l'Université de Pittsburgh, estime cependant qu'il n'adaptera pas son message à ce changement d'adversaire.
La "vision trumpiste" consiste à décrire un monde "méchant", où les "+vrais Américains doivent être prêts à sa battre pour leur place, à dire des vérités désagréables et racistes, et si nécessaire à utiliser la violence", affirme Paul Johnson à l'AFP.
En témoigne notamment la fréquente republication par Donald Trump sur ses réseaux sociaux d'attaques grossières à caractère sexuel contre Kamala Harris.
Ses jeunes partisans au meeting de Johnstown y voient pour leur part une preuve de son intrépidité.
"Le fait qu'il soit lui-même est la raison pour laquelle je l'aime autant", confie Wyatt Waszo, employé de restaurant âgé de 21 ans.
Mais Donald Trump ne fait que surfer sur la vague du mouvement machiste, selon les analystes.
De nombreuses émissions de radio conservatrices se font l'écho de ce qu'elles qualifient de "malaise masculin". C'est une réaction viscérale à la mondialisation et à des mouvements comme #MeToo ou Black Lives Matter, explique à l'AFP Kristin Kobes Du Mez, professeure d'histoire et d'études de genre à l'Université Calvin, dans le Michigan (nord).
"Cette idée d'une masculinité blanche persécutée et dédaignée est très étroitement liée à celle de la grandeur américaine, considérée comme en état de siège", selon elle.
Et dans cette conception du monde, "cette grandeur peut être restaurée en donnant libre cours à cette masculinité rugueuse, voire impitoyable", poursuit Kristin Kobes Du Mez.
"Trump joue sur les peurs de perdre ce que l'on a", résume-t-elle.
De son côté, Kamala Harris se garde bien de placer sa candidature sous le signe de l'accession inédite d'une femme à la Maison Blanche.
Et les stratèges démocrates espèrent que le profil de son colistier Tim Walz, un progressiste mais aussi ancien militaire, ex-entraîneur de football américain, chasseur et pêcheur, lui feront gagner quelques points sur ce front.