«Les résultats de l'AfD en Saxe et en Thuringe sont inquiétants», a estimé Olaf Scholz dans une déclaration à l’agence Reuters publiée ce 2 septembre, précisant qu'il s'exprimait avec sa casquette de député du SPD (centre-gauche). Le chancelier allemand a exhorté les principaux partis à former des gouvernements sans «extrémistes de droite».
Ces déclarations surviennent au lendemain de la percée d’Alternative für Deutschland (AfD) dans ces deux Länder d’ex-RDA, doublée d’une défaite cinglante pour la coalition de centre-gauche au pouvoir. À Thuringe, l’AfD est arrivée en tête avec 32,8% des suffrages exprimés, devançant nettement le parti conservateur de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) qui a recueilli 23,6% des voix. L'AfD décroche ainsi 32 sièges au Parlement régional, contre 23 pour la CDU et seulement 6 pour le SPD, le parti d’Olaf Scholz, qui termine 5e et dernier en nombre de sièges.
Dans le Land voisin de Saxe, la CDU et l’AfD, au coude à coude, caracolent en tête loin devant les autres partis. Notamment devant celui d’Olaf Scholz, qui termine en 4e position avec 7,3% des voix, suivi des Verts qui parviennent tout juste à se maintenir au Parlement avec 5,1% des suffrages. Les conservateurs l’emportent d’une courte tête, avec 31,9% des suffrages face aux 30,6% d’une AfD qui a progressé de 3 points par rapport au précédent scrutin de 2019.
Ces élections ont également été marquées par l’entrée dans ces deux Parlements régionaux de Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW, pour « l' Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice»). Ce parti marqué à gauche, eurosceptique et anti-immigration, décroche la 3e marche du podium en recueillant 15,8% des suffrages en Thuringe et 11,8% en Saxe. La CDU a exclu toute alliance avec l’AfD, alors qu’elle devrait avoir des difficultés à constituer une majorité au parlement de Dresde.
«Ce pare-feu antidémocratique ne pourra être maintenu à long terme», a déclaré ce 2 septembre Alice Weidel, coprésidente du parti, sur la chaîne ARD. «L'électeur a clairement tranché et il souhaite que l'AfD participe au gouvernement», a-t-elle ajouté.
Dans la presse allemande, le quotidien Tagesspiegel a évoqué un «séisme politique à l'est», le Süddeutsche Zeitung estime quant à lui qu’il s’agit d’un «résultat alarmant pour les démocrates».
Outre-Rhin, ce 2 septembre, une grande partie des médias français estiment que cette victoire «sans surprise» constitue une «première» depuis la «fin du IIIe Reich». Il est également souligné que le parti, dirigé en Thuringe par le «sulfureux» Björn Höcke, a «surfé» sur un «fait divers». En l’occurrence, un triple meurtre au couteau survenu fin août à Solingen et revendiqué par Daech. Trois personnes avaient été tuées et huit autres blessées par un Syrien qui a poignardé au hasard des passants lors de la fête municipale de cette ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Quoi qu’il en soit, la classe médiatique est unanime : il s’agit d’un nouveau revers pour la coalition d’Olaf Scholz, constituée des sociaux-démocrates, des Verts et des libéraux, un an avant les législatives prévues pour le 28 septembre 2025.
Hors Allemagne, le directeur politique du Premier ministre hongrois, Balazs Orban, a salué le succès de l’AfD. «Les Länder allemands ont envoyé un message à Bruxelles et à Berlin : pas de migration, pas de concept de genre, pas de guerre», a-t-il commenté.