Groupes de niveau, groupes de besoins en français et en mathématiques, la mesure inquiète. De la part des enseignants et des parents, c’est la crainte d’un cloisonnement entre les élèves dits en réussite et ceux qui seraient en difficulté. Une crainte renforcée par le risque que les collégiens en difficulté se sentent stigmatisés et perdent confiance, à une période de la vie toujours un peu difficile.Au collège Audembron, la principale Christine Larguier assure qu’elle a pu adapter la réforme aux spécificités de l’établissement, et en concertation avec le conseil pédagogique. Un travail collectif guidé par la volonté de "favoriser le vivre ensemble".
Adapter la réforme aux spécificités d’Audembron"Il faut d’abord bien prendre en compte que nous sommes un collège de Réseau d’éducation prioritaire [REP +], ce qui veut dire que les classes ne comptent que 25 élèves, et en plus de ça, nous avons déjà tout un dispositif d’accompagnement d’élèves en grande difficulté avec les classes Ulis et Segpa." Fort de ces spécificités, l’établissement a donc décidé de mettre en œuvre les groupes de besoins selon sa propre organisation. Le nombre d’élèves en REP + étant déjà limité à 25 élèves, il n’a pas paru opportun de faire des groupes de 15, mais plutôt de mettre deux professeurs pour une même classe. Les élèves de sixième qui suivent chaque semaine 4 heures et demie de français et de mathématiques auront, sur ce temps, 1 heure et demie de cours dédoublée avec deux co-professeurs. Pour les cinquièmes, ce temps sera réduit à une heure.
Les groupes de besoins varieront selon les difficultés repérées par les professeurs pour chaque thème. Une organisation relativement souple qui devrait, selon la cheffe d’établissement, "éviter tout cloisonnement et assignation des élèves à un groupe".« Prenons l’exemple des mathématiques. Certains sont doués en algèbre et vont aller plus vite que les autres, mais en géométrie, ils peuvent avoir des difficultés à visualiser les objets dans l’espace."
"C’est bien de pouvoir les accompagner pour aller plus vite là où ils sont bons, et inversement, de les soutenir quand c’est moins le cas"
Elle poursuit en filant la métaphore sportive : "Même aux JO, il y a les médaillés olympiques et les spectateurs, ça ne veut pas dire que certains valent mieux que les autres, mais il faut que le talent soit accompagné sans que personne ne soit abandonné pour autant."
Une équipe au completCôté manque de professeurs, surtout en mathématiques, le collège n’est pas affecté par ce problème, même si la principale "touche du bois" pour qu’aucun aléa de dernière minute ne survienne. Des professeurs spécialisés dans les classes Segpa verront par ailleurs leur expertise mobilisée pour aider les élèves classiques qui se trouveraient en difficulté dans le cadre des groupes de besoins.
Le collège Antoine-Audembron n’attend donc plus que les élèves, même si les trois jours de vacances apprenantes lui ont donné un avant-goût de rentrée.
Roman Routault